Van Durme, Thérèse
[UCL]
Walker, Carole
[UCL]
Lauwers, Hilde
Van Audenhove, Chantal
[KU Leuven]
Thunus, Sophie
[UCL]
Aujourd’hui, les nouvelles formes d’habitat se présentent comme une innovation sociale et offrent une alternative intéressante aux modes d’hébergement traditionnels. L’innovation majeure réside dans l’accent mis sur l’implication des habitants dans la vie sociale et sur la co-construction des modes de fonctionnement de leur habitation. Parmi ces nouvelles formes d’habitat, l’habitat groupé autogéré de type Abbeyfield offre une combinaison entre espace privé et espace partagé, autonomie et vie sociale. En effet, la préservation de l’autonomie et le développement personnel des habitants des maisons sont des éléments-clés du projet Abbeyfield. L’entrée dans une maison Abbeyfield met en tension la préservation du projet personnel et le projet des autres cohabitants, voire le projet de la maison partagée. Cette tension, observée dans la plupart des initiatives comparables au niveau international, est à l’origine du souhait d’identifier des « outils pour mieux vivre ensemble ». Ce souhait a conduit à faire appel à une équipe de recherche pour appuyer et documenter ce processus de réflexion portant sur de tels outils. Ce processus a duré un an, de juin 2018 à juin 2019. L’étude s’est déroulée dans le respect des valeurs-clé du projet Abbeyfield. Elle a pris la forme d’une recherche-action incluant les habitants à toutes les étapes, en ce compris l’élaboration du protocole de recherche ; le recrutement des habitants pour la partie empirique ; la discussion des résultats et la rédaction des recommandations. Le déroulement de l’étude incluait des réunions avec le comité de suivi, des entretiens collectifs auxquels tous les habitants des maisons étaient invités, et un processus itératif permettant la discussion des résultats émanant de l’analyse réalisées par l’équipe de recherche et la rédaction collégiale des résultats. Comme premier outil, les habitants ont formulé la nécessité de redéfinir et d’exprimer à intervalles réguliers leur projet personnel dans la maison, mais également le projet communautaire pour la maison. En effet, des éléments comme la configuration des profils des habitants dans la maison, la nature et l’intensité des engagements extérieurs à la maison ou des éléments de la vie personnelle des habitants vont influencer leur projet dans la maison. Dès lors, les auteurs recommandent que le projet de la maison intègre cette diversité et évolue au cours du temps. Ceci nous mène au deuxième outil : la communication dans la maison, qui suppose l’apprentissage d’une qualité d’écoute qui est rarement acquise spontanément. La recommandation porte donc sur une aide extérieure, sous la forme d’accompagnement par des structures d’appui à l’habitat groupé. Vient ensuite le troisième outil : celui des processus décisionnels. Ces processus permettent de mettre en œuvre le projet de la maison. Les décisions prises de manière collective et participative, feront vivre les valeurs d’autonomie, de respect et de solidarité. La recommandation est donc que ces valeurs sous-tendent à la fois les processus décisionnels et, de manière globale, le projet de la maison. Le quatrième outil concerne les réunions. En fonction de leurs objectifs, elles seront structurées formellement, comme les conseils des habitants pour les processus décisionnels, soit organisées plus librement, tels des groupes de parole, où les habitants vont créer un espace de liberté pour échanger sereinement et en toute sécurité. Dans les deux cas, des règles de base seront définies et partagées, afin de permettre une écoute et un échange vrais, dans une logique d’intelligence collective. Concrètement, cela signifie que chaque membre s’approprie le fonctionnement de ces réunions et prenne à son tour la fonction de facilitateur, de secrétaire ou d’observateur, dans le respect de ses compétences. Les règles de base de vie en groupe sont respectées, telles l’absence de communication toxique, le fait de parler en « je » et de ne pas projeter ses idées sur les autres, en particulier si la personne est absente. Comme cinquième outil, les habitants ont relevé les formations – entendues au sens large – comme moteurs de développement personnel et de la maison, pour identifier et faire vivre les outils du mieux vivre ensemble. À la suite de ce processus d’identification des outils pour vivre ensemble, les habitants ont exprimé le souhait de poursuivre le cheminement d’appropriation de développement de ces outils du vivre ensemble, dans le contexte d’intelligence collective, évoqué dès les premiers contacts. L’étude a été réalisé dans des maisons bruxelloises mais les résultats sont largement transférables à d’autres maisons, pour peu le contexte extérieur réglementaire et culturel soit pris en compte. Si vous avez des questions au sujet de cette étude et la manière dont vous envisagez d’utiliser les outils, veuillez vous adresser à Mme Séverine Laneau contact@abbeyfield.be
Bibliographic reference |
Van Durme, Thérèse ; Walker, Carole ; Lauwers, Hilde ; Van Audenhove, Chantal ; Thunus, Sophie. Outils pour vivre ensemble dans une maison Abbeyfield. Une étude participative réalisée à Bruxelles. (2019) 77 pages |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/219761 |