Debruyne, Emmanuel
[UCL]
Entre 1914 et 1918, le front et l’arrière ne sont pas les seules expériences de guerre. Il y a aussi l’occupation militaire, subie par près de 10 millions de Français et de Belges. La faim, l’angoisse, la privation et la lassitude dessinent cette expérience née de la coexistence contrainte entre occupants et occupés. Alors que la masse des premiers est composée d’hommes, les seconds sont largement amputés de leur élément masculin. De cette situation où se mêlent complémentarité de genre et antagonisme de guerre naissent des relations intimes entre des femmes et des hommes qui dans d’autres circonstances ne se seraient jamais rencontrés. Ces relations ne sauraient être réduites à une révolte de l’amour contre la haine. La vague de viols qui accompagne l’invasion d’août 1914 participe à terroriser les populations civiles. Et la prostitution connaît un essor fulgurant au cours des années suivantes. Quelle que soit leur nature, ces relations ne laissent pas les occupés indifférents : pendant quatre ans, le corps féminin est l’enjeu de tensions incessantes en pays occupé. « Sources de contamination » pour les uns, « femmes à Boches » pour les autres, celles qui fréquentent l’ennemi font les frais de leur choix. Ostracisées sous l’occupation, tondues à la libération, puis disparues une fois la paix revenue.


Bibliographic reference |
Debruyne, Emmanuel. « Femmes à Boches ». Occupation du corps féminin dans la France et la Belgique de la Grande Guerre. Les Belles Lettres : Paris (2018) (ISBN:978-2-251-44843-5) 456 pages |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/203366 |