Tshibanda Nyamvi, Jean De La Croix
[UCL]
(fre)
Pour beaucoup, l’univers moderne désigne un espace déserté par Dieu. La référence à Dieu n’intervient pas dans l’organisation de la vie en société. Nombreux sont ceux qui n’attendent plus de Dieu des réponses aux questions ultimes de l’existence. La foi, autrefois option majoritaire, passe aujourd’hui pour une option parmi d’autres. Au regard de cette éclipse, il convient de s’enquérir de ce que cela signifie pour la foi et son discours sur Dieu. C’est dans ce contexte que s’inscrit notre dissertation doctorale, axée sur l’étude de la problématique du reflux et de relance de la question de Dieu à partir d’une lecture de l’œuvre d’Adolphe Gesché. À ce propos, même s’il admet que bien des raisons peuvent justifier le recul de Dieu aujourd’hui, Gesché s’intéresse particulièrement au malaise qu’éprouve l’homme moderne au contact du discours sur Dieu, n’y reconnaissant pas un Dieu crédible. Ce malaise interpelle la foi quant à la manière dont elle a longtemps élaboré son discours sur Dieu. Sollicitée comme médiation du discours théorique de la foi, la philosophie a fini par substituer son logos propre à celui de la foi. D’où le déplacement du lieu de connaissance de Dieu, le remplacement du Dieu de la foi par le Dieu de la philosophie et l’avènement d’un Dieu précédé de sa définition. L’oubli de Dieu par l’homme d’aujourd’hui est lié, pour ainsi dire, à son oubli préalable en théologie. Pour relancer la question de Dieu, Gesché ne propose pas simplement que soit restitué à la théologie un lieu spécifique d’interrogation et de connaissance de Dieu. Il propose surtout que la théologie montre comment un Dieu rencontré dans son lieu natal peut être porté jusqu’au niveau de la raison. Et c’est à ce niveau aussi qu’il nous est apparu pertinent de prolonger la réflexion de l’auteur. À l’attention presque exclusive que l’auteur accorde à la manière de faire usage de la médiation philosophique en théologie, comme voie de relance de la question de Dieu, nous avons associé une réflexion sur le type de philosophie qu’il convient d’adopter pour médiatiser au mieux la nomination de Dieu dans la foi. À ce propos, dans la mesure où le Dieu de la foi apparaît comme un Dieu particulier, la théologie a intérêt à solliciter – pour en parler – une pensée philosophique qui garantit le droit du singulier. En s’engageant sur cette voie, la théologie pourra susciter de nouvelles raisons de s’interroger sur Dieu, vu qu’elle aura réussi auparavant à laisser Dieu être Dieu, à le laisser se dire lui-même, hors de toute définition qui le précède et de tout interdit philosophique. Un Dieu qu’on a laissé être Dieu (« je suis qui je suis »), voilà sans doute un Dieu crédible : crédible parce que digne de Dieu et digne de l’homme.


Bibliographic reference |
Tshibanda Nyamvi, Jean De La Croix. Redécouvrir Dieu au temps de son éclipse : une lecture de l'œuvre d'Adolphe Gesché. Prom. : Bourgine, Benoit |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/183369 |