Nzosa Muyumbu, Pascaline
[UCL]
(fre)
Les différentes versions du livre d’Esther (TM, LXX, TA et VL) racontent l’histoire d’une jeune fille juive devenue reine de Perse. Elle parvient à empêcher Aman, le second du roi Artaxerxès, de mener à bien son projet d’exterminer tous les Juifs du royaume parce que l’un d’entre eux, Mardochée, le parent d’Esther, a refusé de se prosterner devant lui (3,6-7). Ces récits diffèrent notamment par les moyens par lesquels les Juifs sont sauvés. Dans la version de la LXX, les prières de Mardochée et Esther en sont un important. L’objet de notre recherche est l’étude de ces deux prières dans le récit grec des LXX que R. Hanhart nomme le supplément C,1-30. Passage déterminant dans la LXX, les prières donnent au récit tout entier un caractère théologique qu’il n’a pas dans l’hébreu (TM). Elles constituent la clé d’interventions divines permettant à la reine Esther et à son cousin Mardochée d’obtenir la survie de leur peuple. Notre recherche propose ainsi l’étude d’un texte – important pour le récit de la LXX – qui, jusqu’à présent, n’a jamais été analysé pour lui-même selon une approche synchronique. Deux méthodes ont éclairé nos questionnements posés avant l’étude de ces prières : comment analyser ce long discours de type « prières » inséré dans un récit ? Quelle est leur place dans le récit d’ensemble ? Quelle est leur organisation, leur fonction et leur portée narrative et théologique ? La méthode narrative a mis en lumière trois points suivants : . Dans l’intrigue d’Esther LXX (Est A – F), le supplément C,1-30 se situe dans l’étape de la complication A1( Est 3,1 – D,1-7 ). Ces prières sont prononcées dans un contexte précis qui constitue le « cœur de l’intrigue » (3,1 – 8,2), et elles sont cruciales pour permettre l’action décisive (7,6-9) (chap.1). . Caractérisation des personnages. Les protagonistes des prières, Mardochée et Esther, citent des personnages actifs dans le reste du récit. C’est le cas en particulier de Dieu, qualifié d’omnipotent, omniscient, sauveur, juste, unique, mais aussi d’Israël caractérisé comme peuple et héritage de Dieu. Aman et le roi sont présentés avec les mêmes caractéristiques que dans le récit : Aman est orgueilleux, et le roi, un païen (chap.3). . La fonction des prières est d’inscrire la situation de menace que vivent les Juifs en Perse sur l’arrière-plan de l’histoire d’Israël. Leur visée est d’obtenir le salut du peuple. Pour amener Dieu à l’accorder, Mardochée et Esther lui rappellent ses bienfaits : la création, l’élection, la descendance avec Abraham, l’exode… (chap.4) et le supplient de sauver les Juifs menacés par le pogrom d’Aman approuvé par le roi. Au chapitre 2, la méthode rhétorique biblique a mis en lumière la structure du supplément C en trois parties d’inégale longueur (v.1-10 ; v.11 ; v.12-30). Les deux parties extrêmes qui encadrent le cri du peuple (v.11, au centre) se composent chacune d’une introduction narrative et de la prière proprement dite (v.1-2a et 2b-10 ; v.12-14b et 14c-30).
Bibliographic reference |
Nzosa Muyumbu, Pascaline. Les prières dans le livre d'Esther grec des Septante : analyse synchronique du supplément C,1-30. Prom. : Wénin, André |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/176529 |