Schmitt, Christophe
[Université de Lorraine]
Janssen, Frank
[UCL]
Baldegger, Rico
[HEG Fribourg]
Giacomin, Olivier
[European Business School]
L’émergence de la pensée libérale, issue de l’Europe des Lumières, repose sur l’idée que chaque être humain possède des droits naturels, comme la liberté et la propriété. Ce courant de pensée a mis en exergue l’initiative privée et la possibilité pour chacun de jouir des fruits de son propre travail, et cette conception a largement conditionné nos approches et nos actions dans le domaine de l’entrepreneuriat. Cette représentation de l’entrepreneuriat s’est ensuite trouvée renforcée par la détérioration du modèle de la grande entreprise et par l’échec des économies planifiées. En outre, l’entrepreneuriat est une voie de professionnalisation intéressante, notamment en période de difficultés économiques, dans la mesure où entreprendre permet de développer son propre emploi. Pourtant, l’entrepreneur et l’entrepreneuriat sont loin d’occuper une place constante dans l’histoire de la pensée économique durant les derniers siècles. En effet, dans les théories classique et néoclassique, les entreprises sont virtuellement dépourvues d’entrepreneurs, ce qui a fait dire à William Baumol (1993) que le prince du Danemark n’apparaissait plus dans la pièce Hamlet. Selon ces systèmes de pensée, l’entreprise opère un calcul qui lui permet d’optimiser son profit ; elle reproduit ces décisions en toutes circonstances, jusqu’à ce qu’un choc exogène modifie une des données du problème. Le succès ou l’échec sont entièrement explicables par des facteurs matériels. Le rôle entrepreneurial est réduit à l’application mathématique de certaines règles de maximisation. Dans un contexte d’information parfaite, où la décision est une mécanique du calcul, il n’y a guère de place pour l’entrepreneur. Le rôle joué par l’entrepreneur dans la dynamique de l’économie de marché est donc totalement négligé. Cependant, comme le souligne Casson (2003), il est indispensable de résoudre la contradiction entre la main invisible d’Adam Smith et la main visible de l’entrepreneur. L’entrepreneur est apparu dès le xviiie siècle dans la littérature économique, en l’occurrence dans l’oeuvre de Richard Cantillon, qui lui attribue un rôle spécifique dans le processus économique. Il faudra attendre le début du xxe siècle et les travaux de Joseph Schumpeter pour que lui soit associé un rôle important dans l’économie. Ces développements ont largement conditionné la façon dont l’entrepreneuriat est envisagé aujourd’hui. Ce chapitre s’ouvrira par la présentation des travaux des différentes écoles qui se sont intéressées à l’entrepreneur et à son lien avec l’économie ; il se poursuivra par une synthèse des travaux de Schumpeter et se terminera par la présentation du modèle GEM issu de ces approches économiques, ainsi que par son illustration dans plusieurs pays francophones.
Bibliographic reference |
Schmitt, Christophe ; Janssen, Frank ; Baldegger, Rico ; Giacomin, Olivier. Entrepreneuriat et économie. In: Janssen, Frank, Entreprendre : Une introduction à l'entrepreneuriat, de boeck supérieur : Louvain-la-Neuve 2016, p. 59-72 |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/176016 |