Dabire, Bonayi
[UCL]
Le Burkina Faso est un pays de forte émigration et les nombreuses études ont permis de mieux appréhender des aspects importants de la migration tels que le volume, les flux et leurs caractéristiques, les motifs et les effets sur les zones de départ. On constate toutefois que si la majorité des auteurs admettent que les paysans migrent pour survivre, peu de chercheurs ont porté une attention particulière à l'analyse des mécanismes par lesquels la migration était incorporée et soumise à la stratégie collective de production économique et de reproduction sociale des communautés paysannes. Les analyses jusque là se sont focalisées à un seul niveau : soit l'individu, soit le ménage, soit à un niveau plus macro (village, région etc..) mais rarement sinon jamais plusieurs niveaux ensemble. Ces approches semblent avoir atteint leur limite. Il y a nécessité d'intégrer dans l'analyse des migrations burkinabé les différents contextes qui agissent, non pas de façon indépendante, mais en interaction pour façonner le projet migratoire de l'individu. C'est dans cette optique que cette recherche a été conduite, à partir des données d'une enquête menée dans deux régions du Burkina Faso, l'une fortement répulsive et l'autre très attractive. Après une analyse des flux migratoires et des caractéristiques des migrants à partir de données récentes, l'étude s'est focalisée sur les déterminants contextuels de la migration. S'appuyant sur les théories alternatives plus récentes qui stipulent que la migration est une stratégie collective de minimisation des risques, cette recherche analyse le rôle du ménage comme déterminant collectif de la migration. L'étude utilise les modèles univariés, multivariés et multiniveaux pour analyser le rapport entre les caractéristiques collectives du ménage et le risque qu'un membre du ménage émigre. Les résultats montrent que les ménages étendus (plusieurs noyaux, et plusieurs segments de lignage) sont des foyers d'émigration de même que les ménages n'ayant aucune expérience migratoire, c'est-à-dire où il n'y a ni migrants de retour, ni individus partis en émigration. Par contre les ménages nucléaires, et ceux ayant un passé migratoire riche, enregistrent très peu d'émigration. Quant à savoir qui migre dans les ménages, contrairement à toute attente ce ne sont pas les éléments périphériques du ménage qui émigrent le plus, mais les descendants directs, c'est-à-dire les enfants du chef de ménage.


Bibliographic reference |
Dabire, Bonayi. Analyse contextuelle de la migration au Burkina Faso : l'influence des caractéristiques communautaires et familiales sur les comportements migratoires au Plateau Central et au Sud-Ouest. Prom. : Poirier, Jean ; Tabutin, Dominique |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/166959 |