Amougou, Thierry
[UCL]
Le paradigme de développement dominant n’est rien d’autre que la version néoclassique de ce que Friedrich List appelait « l’école cosmopolite » en référence à la scolastique médiévale dont le raisonnement était basé sur des postulats révélés. Ce modèle se fonde sur une version tronquée de la vie réelle dont l’espace de déploiement est réduit au marché autorégulateur au sein duquel l’homo-oeconomicus n’est pas un citoyen au sens plein de ce terme, mais un consommateur compulsif sous contrainte de son pouvoir d’achat. En conséquence, le développement est réduit à l’aspect efficient et efficace de l’approche formelle de l’économie qui envoie aux calendes grecques tous les multiples moyens extra marchés d’organisation, de création et d’amélioration des conditions d’existence. Les études du développement (development studies) se sont démarquées de cette fiction de la vie spirituelle et matérielle qu’entraînent des postulats autoréférentiels. Elles adoptent une approche pluridisciplinaire du processus de développement où la pensée polanyienne, braudélienne et castoriadienne sont d’un apport capital au 21ème siècle. Ces auteurs, contrairement au modèle de développement dominant, insistent sur le caractère non scientifique et institutionnalisé du processus de développement, les institutions non économiques qui orientent la dynamique des sociétés, la nécessité de collaboration entre les sciences sociales pour mieux cerner la complexité du réel, la place du politique et le rôle central de l’histoire dans l’analyse du changement social. Les Development Studies (DS) s’en inspirent et peuvent y trouver un principe supérieur qui tiendrait ensemble le Savant et le Politique tout en évitant leurs possibles contradictions. Ce principe supérieur serait des politiques de développement contraintes par la clause de la strate sociopolitique et économique la plus défavorisée.
Bibliographic reference |
Amougou, Thierry. Apport de Karl Polanyi, Fernand Braudel etCornelius Castoriadis dans les études dudéveloppement au 21ème siècle. (2009) 27 pages |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/165804 |