Oiry, Béatrice
[UCL]
(fre)
Le projet de la thèse est de mettre à jour les éléments constitutifs de la poétique du temps à l’œuvre dans 1-2 Samuel et de mesurer en quoi ces choix formels sont des procédés de qualification de l’histoire, et en particulier de qualification théologique. 1–2 S se présente comme un récit à prétention historiographique. Il relate le siècle d’histoire qui va de la naissance de Samuel à la fin du règne de David. Pour ce faire, le narrateur opère des choix qui lui permettent de rapporter une longue période en un temps bref. Ces choix, tout en organisant la temporalité du récit, confèrent une forme particulière au temps de l’histoire, forme qui participe puissamment à la construction de sa signification. Appréhender la forme temporelle du récit implique de conduire une analyse de type narratif mais qui prenne en compte la pluralité des genres littéraires que le récit associe – oracles et poèmes. Le premier chapitre consiste en une analyse linéaire de l’épisode d’ouverture (1 S 1,1–2,10). Il s’agit, dans ce premier temps, de se rendre attentif à tous les phénomènes qui concourent à l’expression et à la représentation de la temporalité, sans les soumettre d’emblée à un modèle préétabli. Au terme de cette lecture, deux phénomènes se révèlent d’une particulière importance : la fréquence du vocabulaire du temps calendaire (« jour », « mois », « année ») et la fonction du discours direct dans la détermination de la dynamique temporelle de l’épisode. Les chapitres 2 et 3 étudient le vocabulaire calendaire. Le chapitre 3 recense les termes utilisés en 1–2 S et en étudie les usages d’un point de vue syntaxique et stylistique. Le chapitre 4 dresse les traits d’une poétique du temps calendaire. Il étudie la façon dont ces termes donnent forme et perceptibilité au temps de l’histoire et comment, ce faisant, ils le qualifient. La mesure du jour apparaît alors comme la forme prépondérante de la représentation du temps en 1–2 S. Elle établit les contours temporels dans lesquels la majorité des épisodes sont inscrits. Ces jours, déterminants dans la narration, sont « les jours qui comptent » dans le siècle d’histoire que rapporte 1–2 S. Et le terme « jour » pointe directement ce pourquoi ils comptent. Ces jours sont également les pôles qui déterminent les dynamiques causales de l’intrigue. Mais si le vocabulaire calendaire distingue le temps qui compte, il ne le génère pas. Cette fonction revient au discours direct que le chapitre 4 appréhende dans ses trois genres littéraires : le discours direct « usuel », l’oracle et le poème. Il s’agit de déterminer pour chaque genre comment le passé, le présent et le futur sont articulés dans l’acte de l’énonciation et comment cette articulation contribue directement à la détermination et à la qualification du temps de l’histoire. Il apparaît alors que chaque genre, présentant des potentialités d’articulation interne spécifiques, a un impact différent sur la temporalité de l’ensemble. Chacun suscite le temps qui compte selon une amplitude et une autorité graduée. Enfin, le dernier chapitre se présente comme une lecture en continu de 1–2 S. Reprendre le récit en prêtant une attention conjointe aux indications calendaires et au discours direct permet d’envisager la construction du temps non plus à l’échelle de l’épisode, mais dans son ensemble. C’est alors que peut être saisi, dans la dynamique de son déploiement, ce dont est porteur le temps qui compte. Il apparaît comme le temps d’hommes responsables de l’histoire qu’ils dessinent dans l’exercice de leur liberté et dans l’interaction avec le Dieu qui conduit souverainement le cours des choses. Et la construction temporelle d’ensemble apparait, dans ses transformations, comme un moyen de construire cette double causalité de l’histoire. Elle est aussi le révélateur de l’évolution des relations qu’entretiennent Yhwh et son peuple, Yhwh et son oint, dans la période historique décisive qu’est celle de l’émergence de la royauté et du règne des deux premiers rois.
Bibliographic reference |
Oiry, Béatrice. Le temps qui compte : construction et qualification du temps de l'histoire dans le récit de 1-2 Samuel. Prom. : Sonnet, Jean-Pierre ; Wénin, André |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/165498 |