Martens, David
[KULeuven]
Meurée, Christophe
[UCL]
La distinction des fonctions respectives des discours journalistiques et littéraires constitue l’un des ressorts de leur histoire réciproque, du XIXe siècle à nos jours. Dans ce contexte marqué par une double dynamique, de relative concurrence et de finalités contrastées, les relations entre roman et reportage constituent un espace privilégié des par des « complicités conflictuelles » qui caractérisent les interactions du journalisme et de la littérature. De par leur dimension narrative, en particulier, ces deux genres de récit entretiennent un chassé-croisé identitaire qui révèle le caractère éminemment mouvant de la frontière entre le domaine dévolu au journalisme et celui qui revient (ou est censé revenir) à la littérature. À cette aune, l’interview semble un cas de figure particulier à bien des égards. Dès les origines du genre, le romancier entretient des rapports problématiques avec l’intervieweur. Si tous deux font acte de narration, ils diffèrent du point de vue de la factualité de leur discours. C’est précisément sur ce point qu’achoppe leur rencontre. Dès sa naissance, cependant, l’histoire de l’interview s’accompagne de formes parodiques, dues à des écrivains aussi bien qu’à des journalistes. Or, si l’une des finalités de l’interview réside dans la diffusion d’une information prise à la source, de telles mises en fiction rompent avec le présupposé d’authenticité des propos rapportés qui caractérise le genre . De ce point de vue, qu’en est-il lorsque le romancier plie ce nouveau rite médiatique à l’un des principes fondateurs de son art, à savoir la fiction ?


Bibliographic reference |
Martens, David ; Meurée, Christophe. On n’est jamais si bien servi que par soi-même. L’entretien fictionnel, d’Émile Zola à Claude Simon. In: Myriam Boucharenc, Roman et reportage. Rencontres croisées, Presses universitaires de Limoges : Limoges 2015, p. 81-93 |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/159417 |