Guardia Hernandez, Andrea Milena
[UCL]
Le Hip-hop est un mouvement urbain qui utilise des paroles pour présenter un environnement social et ses dynamiques d'interaction, lesquelles n’ont pas généralement une place dans les médias ou dans les discours académiques. Bogotá, comme une ville de l’Amérique Latine, hérite la culture hip-hop ; celle devient une forme d'art privilégiée pour les jeunes des quartiers marginaux qui veulent dénoncer et endurer leur vie quotidienne, remplie de violence, mais débordant d'espoir. Cette démarche artistique de résistance et de reconnaissance devient plus significative dans une ville qui est fragmentée et divisée en strates sociales, une logique d’urbanisation qui prétend diminuer l’iniquité, mais qui consolide la marginalisation. Les jeunes rappeurs qui chantent dans les bus publics ne le font pas seulement pour gagner de l'argent pour ses dépenses quotidiennes, mais aussi parce que leurs paroles sont une tentative de pénétrer la vie des autres citoyens et de leur faire voir la réalité de la ville qu'ils habitent ensemble, une ville où l'espace entre la strate une et six ne peuvent être franchi que dans les rimes. La poésie, entendue comme un dispositif plus que comme une forme écrite pure, met en perspective l'espace public stratifié et les écrans de fumée entre elles. Les jeunes rappeurs trouvent dans cette expression artistique un moyen pour échapper aux fléaux de la délinquance, la drogue et la mort dans leurs quartiers, voies de sortie qui ne sont pas nombreuses. Les endroits où ils habitent et qu’ils parcourent, ainsi comme les écarts sociaux impossibles à traverser, se trouvent invisibles pour les autres qui sont externes à leur réalité; la poésie urbaine, en forme de paroles de rap, permettent aux jeunes artistes de faire la lumière sur leur expérience de la ville et sa dynamique pour que les autres puissent la voir. Cette version de la poésie fait une entrée inattendue dans la routine des citoyens comme un moyen de critique sociale et comme un dispositif de communication sociale avec d’autres habitants pour obtenir la reconnaissance qui semble être refusé aux personnes marginalisées; les jeunes rappeurs n’ont pas la parole, après l'expression de Rancière, et à travers le rap ils obtiennent une voix et sont entendus.
Bibliographic reference |
Guardia Hernandez, Andrea Milena. Les strates sociales à Bogota et la subjectivation de jeunes marginaux par la poésie.Poésie et espaces publics : Formes, lieux et pratiques aux XXe et XXIe S. (Université catholique de Louvain, du 27/04/2015 au 28/04/2015). |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/159155 |