Renard, Bertrand
[UCL]
La thèse adopte une lecture de l'utilisation de l'ADN en justice, en particulier de l'action d'identification par analyse génétique (IAG) en justice pénale, selon un cadre théorique s'appuyant sur la sociologie de l'acteur-réseau / sociologie de la traduction. Adoptant une approche résolument inductive, le vaste travail descriptif me nous permet de fournir, au travers de ce que laissent voir les normes (juridiques) d'abord, des dossiers judiciaires et administratifs ensuite et enfin des entretiens, un empilement de sens qui donnent une épaisseur aux pratiques sociales étudiées en vigueur de 1998 à 2007 au sein de l'arrondissement judiciaire de Bruxelles. Dans une première partie, nous traitons du rapport d'adaptation réciproque établi entre le droit et la science sous une double approche respectueuse du processus historique de recours à la technique. La deuxième partie, résolument encrée dans l'empirie, expose le coeur de la thèse en offrant une description du cours de l'action génético-judiciaire, depuis le prélèvement cellulaire opéré sur les lieux d'une infraction jusqu'à la décision judiciaire définitive, et même au-delà de cette phase de jugement lorsque l'IAG est au centre de dispositifs judiciaires de mémoire et de contrôle (banque de données génétique de "condamnés"). C'est la recherche des ressorts de l'action et de son fonctionnement qui donne chair à la troisième partie. Cette partie, fortement inductive et toute autant pétrie d'empirie grâce à l'apport des entretiens menés auprès des acteurs de l'IAG, scrute les conditions sociales qui permettent l'action d'IAG et qui l'amènent à remplir la ou les fonctions qu'elle assume dans cette action, tant pour les différents acteurs concernés que pour le système judiciaire pénal dans lequel l'IAG s'inscrit. La quatrième et dernière étape consiste enfin à confronter les connaissances essentiellement empiriques acquises au cours des trois parties précédentes. Après avoir exposé la boite à outil dont nous équipons au niveau théorique, cette partie transversale développe la discussion. Nous exposons ainsi d'abord les proximités du droit et de la science détectés tant au niveau de leur méthodologie de production que de leurs produits respectifs. Nous identifions ensuite les signaux qui nous permettent d'affirmer la position relative du droit dans l'action d'IAG. Enfin, nous soulignons « ce que l'ADN fait faire à la justice » sur trois plans distincts, à savoir que 1. l'ADN modifie l'organisation du travail, 2. l'ADN bouleverse le paysage institutionnel et 3. l'ADN redéfinit l'action judiciaire. Nous soulevons que l'adoption de la perspective de la sociologie de l'acteur-réseau dans l'étude de l'action judiciaire pénale constitue une condition pour repenser à nouveaux frais des questions plus classiquement abordées en criminologie. La thèse contribue enfin à faire de la criminalistique un objet de recherche fondamentale en criminologie.


Bibliographic reference |
Renard, Bertrand. Ce que l'ADN fait faire à la justice : sociologie des traductions dans l'identification par analyse génétique en justice pénale. Prom. : Kaminski, Dan |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/158063 |