Falque, Ingrid
[UCL]
Au sein de l’abondante production picturale flamande des XVe et XVIe siècles, les tableaux religieux comportant des portraits de contemporains en prière – c’est-à-dire des « portraits dévotionnels » ou « portraits de donateurs », pour reprendre leur appellation la plus commune – ont rencontré un très vif succès. En effet, on conserve encore aujourd’hui plus de 700 œuvres de ce type. Si la majeure partie des personnes représentées dans ces images sont issues des Pays-Bas bourguignons, une part non négligeable de ces tableaux est constituée d’œuvres commandées par et représentant des étrangers, parmi lesquels un certain nombre d'Espagnols. Dans le cadre de cette communication, nous nous attacherons à étudier les œuvres commandées par ces derniers, afin d'en dégager les particularités. Les questions soulevées seront les suivantes : les commanditaires ibériques ont-ils préféré un type d'œuvres particulier? Les tableaux flamands comportant des portraits d'Espagnols trahissent-ils une influence des traditions ibériques ou se présentent-ils au contraire de manière « typiquement flamande »? Quelles sont les raisons qui ont poussé ces Espagnols à commander ces œuvres comportant leurs effigies en Flandre ? Est-il possible de distinguer formellement ou iconographiquement les œuvres commandées par des Espagnols établis en Flandre et celles commandées par des Espagnols simplement de passage ? Afin d’apporter des réponses à ces questions, nous déterminerons dans un premier temps les caractéristiques principales du portrait dévotionnel flamand et celles de la peinture religieuse espagnole de l’époque. Le phénomène – déjà bien cerné – de l'intérêt porté par les Ibériques à la peinture du Nord des Pyrénées sera également brièvement abordé. Dans un second temps, nous nous livrerons à une analyse détaillée des œuvres flamandes représentant des dévots espagnols. On constatera ainsi que ces commanditaires ont fait preuve d'une certaine diversité : alors que plusieurs d'entre eux se sont montrés parfaitement acclimatés à la culture visuelle et aux traditions artistiques flamandes, au point d'acquérir une œuvre typique de cette région, d’autres ont fait preuve d'un peu plus de « frilosité », ou se sont du moins montrés plus attachés à leurs traditions régionales espagnoles, puisqu'ils ont opté pour des œuvres hybrides, alliant traditions flamande et ibérique. Toutefois, nous verrons que même dans ce deuxième cas de figure, les traits les plus caractéristiques de l'art du portrait dévotionnel dans les anciens Pays-Bas sont respectés, ce qui témoigne encore – si besoin était de la popularité dont a joui la peinture flamande en général et du succès rencontré par le portrait « à la flamande » en particulier dans la péninsule ibérique.


Bibliographic reference |
Falque, Ingrid. Les dévots espagnols portraiturés par les peintres flamands (1450-1550): transfert et adaptation d’un mode de représentation.Colloque "Les transferts iconographiques et stylistiques à l’époque gothique" (Liège, Université de Liège, 16/11/2012). |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/154180 |