Des droits de l'homme aux droits humains: Discussion de la communication de Justine Lacroix

La sociologie est longtemps restée sceptique vis-à-vis des droits de l’homme. Cet article propose dans un premier temps de revenir sur les raisons épistémologiques, méthodologiques, théoriques ou encore historiques de cette relative indifférence, attestée ou renforcée par ce que Saskia Sassen appelle le « biais national ». Ensuite, il souligne les apports importants, mais aussi les limites, en termes de profondeur historique, d’une sociology of human rights en plein essor ces dernières décennies. Partant de là, nous proposons dans un second temps de nous pencher sur les rapports socio-historiques étroits que les droits de l’homme et du citoyen entretiennent avec la genèse, le développement, et le dépassement de l’État moderne. En nous appuyant sur les thèses de Norbert Elias, nous montrons que les processus mettant en jeu les droits de l’homme révèlent à la fois une continuité forte et une profonde transformation depuis le 18ème siècle, à l’instar de l’évolution du rôle central joué par l’État.