Kaplan, Ayda
[UCL]
Le classement traditionnel des écritures syriaques était fondé sur les clivages religieux des Églises syriaques et les variantes graphiques contemporaines utilisées dans leurs contextes confessionnels. L'objectif de cette thèse était d'étudier les développements de l'écriture syriaque en tant que phénomènes graphiques, en considérant, en amont, les plus anciens témoins de cette écriture. Pour réaliser ce travail, il a fallu amener la paléographie syriaque vers un statut de science en la dotant d'une méthode d'expertise qui soit adaptée aux caractéristiques du matériau étudié (les manuscrits), et lui fournir des outils de recherche. Pour établir cette méthode, le choix s'est arrêté sur les manuscrits syriaques de la British Library, datés du Ve siècle (le plus ancien manuscrit syriaque date de 411 AD) au Xe siècle (époque de ladite « renaissance de l'estrangelo »). Ils constituent un corpus de nonante manuscrits. La recherche accomplie s'est déroulée en six étapes. Le premier chapitre propose de définir l'objet d'étude et les champs d'application de la paléographie traditionnelle. Le rôle de cette discipline est précisé par rapport aux autres sciences qui s'occupent de l'écrit. Le second chapitre fait l'état des recherches en paléographie syriaque. La problématique de l'origine de l'écriture dite édessénienne est brièvement traitée dans un premier temps. Ensuite l'état des recherches est donné en deux étapes. L'une présente, selon la vision traditionnelle, les différentes hypothèses émises sur l'étymologie des dénominations des écritures (estrangelo, serto, « nestorienne / chaldéenne » et « melkite »), de même que les dates ou les causes de leur apparition. La seconde présente l'opinion des tenants de la nouvelle hypothèse sur le développement des écritures syriaques, formulée après la découverte et l'étude plus approfondie de trois parchemins datés du IIIe siècle. Sont ensuite exposées mes recherches personnelles, inédites, en matière de paléographie syriaque, préalables à la présente étude. Le troisième chapitre est relatif au matériel étudié. Pour comprendre le milieu historico-culturel des écritures manuscrites, les données historiques fournies par les colophons des manuscrits sont traitées et présentées selon trois schémas différents. Dans un premier temps et afin de permettre leur consultation rapide, elles sont exposées dans un tableau chronologique. Ensuite elles font l'objet d'une classification sous forme d'index (dates, copistes, lieux) et selon diverses autres données. Dans un troisième temps, les résultats issus de ces deux inventaires sont exposés sous la forme d'une synthèse des notes de colophons. Le quatrième chapitre concerne la théorie de la méthode d'étude paléographique. Celle-ci a été établie en s'inspirant des travaux et des recherches menées en paléographie d'une part gréco-latine (J. Mallon et L. Gilissen) et d'autre part hébraïque (C. Sirat). Les notions mises en valeur dans ces recherches (matière subjective, caractères internes morphologie, ductus, module, « poids » de l'écriture, angle et style), auxquelles j'en ai ajouté deux autres (dynamique de la composition et liaisons des lettres), ont été relevées selon une méthode adaptée aux caractéristiques de l'écriture syriaque. Une définition précise est donnée pour chaque notion, de même que sont définis les moyens mis en uvre pour les analyser concrètement. Le cinquième chapitre illustre l'application des procédés à un corpus de dix-sept manuscrits, sélectionnés en raison de l'importance a priori de leur écriture dans la genèse des écritures syriaques. Le sixième et dernier chapitre présente les résultats obtenus suite à l'application systématique de la méthode préconisée. Dans un premier temps, sont exposés les résultats des analyses ; ces derniers constituent un répertoire des éléments de l'écriture relevés par les expertises paléographiques menées sur le corpus de dix-sept manuscrits. Grâce à cet inventaire, le paléographe dispose d'outils pour mener des comparaisons systématiques et raisonnées et d'une terminologie adéquate pour en rendre compte. Ensuite, les résultats concernant l'histoire de l'écriture syriaque sont présentés, tels qu'ils ont été obtenus par différents classements (chronologique et stylistique, géographique, confessionnel ou selon le contenu des manuscrits) des écritures syriaques qui apparaissent à travers l'étude du corpus des nonante manuscrits pris en compte. Le classement chronologique et stylistique apparaît sous la forme d'un arbre généalogique des écritures. Celui-ci met en valeur l'existence de quatre variantes principales (monumentale, monumentale semi-courante, courante semi-monumentale et courante) qui sont en rapport avec la forme des lettres et leur présence régulière dans un même contexte graphique. Ces variantes se subdivisent en de multiples sous-variantes qui sont déterminées par les autres éléments de l'écriture (tracé, module, angle) ainsi que par le caractère formel, informel ou plus personnel des écritures. Les variantes identifiées par les études traditionnelles figurent également dans l'arbre généalogique. La question du rôle de la paléographie dans la datation des manuscrits non datés clôt le chapitre des résultats. La problématique est abordée par l'étude du BL Add. 14 547 (Grégoire de Nazianze, Discours, IXe siècle). En conclusion, une récapitulation des résultats les plus importants auxquels a mené cette étude est proposée.
Bibliographic reference |
Kaplan, Ayda. Paléographie syriaque : développement d'une méthode d'expertise sur base des manuscrits syriaques de la British Library (Ve- Xe siècles). Prom. : Schmidt, Andrea Barbara |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/149868 |