Dubois, Sébastien
[UCL]
La thèse étudie la genèse du territoire d'un État-nation du milieu du 17e à la première moitié du 19e. Elle ne porte pas sur la "formation" du territoire au sens courant, relation des variations des limites territoriales d'un pays, mais sur le sentiment d'appartenance au territoire d'un État moderne. L'étude s'ouvre, après avoir dressé un bilan historiographique, sur l'histoire des mots employés pour désigner un pays, un peuple, un État, une nation. Il est en effet fondamental de ne pas commettre un anachronisme en projetant dans le passé les catégories d'aujourd'hui. Le cas de la Belgique est particulièrement intéressant. Alors qu'on soutient souvent aujourd'hui que la Belgique est un pays créé de toutes pièces par la diplomatie européenne en 1830, l'étude du protopatriotisme et du protopatriotisme dans cette région montre que les anciens Pays-Bas espagnols puis autrichiens ont été considérés dès le 16e siècle comme un État et un pays à part entière, souvent nommé - dès cette époque - Belgique par les hommes cultivés, par référence à l'Antiquité gallo-romaine. Les ouvrages d'histoire et de géographie, les manuels scolaires, les guides et les récits de voyage décrivent un pays reconnaissables à un ensemble de caractéristiques topographiques, climatiques, économiques, culturelles, ethniques, etc. Cette identité du pays prenait même la forme d'allégories : la nymphe et le lion belgiques. Il importe cependant de tenir compte des différences de niveau socio-culturel. Alors que la plupart des études consacrées aux identités nationales présentent une vision uniforme de leur évolution, l'auteur s'est efforcé de reconstituer ce que pouvaient être les sentiments du commun. Pour la plupart des hommes, l'attachement à l'État consistait essentiellement en la fidélité envers leur Prince légitime. Pour désigner leur pays, la plupart des campagnards parlaient de l'Espagne (puis de l'Autriche), du pays d'Espagne, de la "domination" du roi (puis de l'empereur). La révolution "belgique" de 1789 constitua une rupture. La déchéance de Joseph II impliquait une redéfinition de l'identité étatique en faveur de la nation. Une part croissante de la population se reconnut dans la possession d'un territoire "national". Study from the genesis of a territorial and a geographical conscience in Belgium between 1648 and the Belgian independance. History of the words nation, State, country, etc. Geographical and historical concept of "Belgium". Transformation of dynastic true into national identity.
Bibliographic reference |
Dubois, Sébastien. L'invention de la Belgique : formation et représentations du territoire d'un État-nation, de la paix de Westphalie aux débuts de l'indépendance (1648-1839) / The Making of Belgium. Formation and Meaning of a State-Nation's Territory, from the Peace of Westfalia until the Independance (1648-1839). Prom. : Bruneel, Claude |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/149777 |