Campion, Baptiste
[UCL]
Cette contribution étudie les discours relatifs aux changements climatiques tenus par des internautes non-experts en interaction sur deux plateformes en ligne. Elle présente les résultats d’une étude exploratoire en deux volets : une approche longitudinale quantitative, et une étude qualitative d’un corpus restreint d’environ 700 messages, nous centrant sur les représentations du climat et des acteurs portant cette thématique construites dans les échanges. L’analyse montre la place importante accordée par les intervenants à la problématique de la « scientificité » de la problématique climatique et de la légitimité scientifique de ceux qui portent ces résultats : les résultats scientifiques sont-ils fiables ? les scientifiques sont-ils honnêtes ? quelle est la légitimité scientifique des acteurs, de leurs méthodes et de leurs résultats ? De manière concomitante, ces échanges tendent à évacuer toute dimension politique du débat, qui est présenté comme ne devant relever que de la science. La volonté de « politiser » les enjeux climatiques apparaît même comme argument de délégitimisation. Tant chez les critiques du réchauffement climatique que chez leurs défenseurs, les intervenants qui aborderaient la question sous un angle politique sont assimilés à des idéologues qui chercheraient à pervertir la science au nom d’un agenda politique caché. Cette appréciation entre débattants correspond aux représentations de la science climatique construites dans les échanges : les défenseurs des théories « sceptiques » dépeignent des scientifiques courageux mais en petit nombre s’affrontant à une science institutionnelle sectaire et corrompue véhiculant des représentations catastrophistes et bien décidée à faire taire les voix contestataires, le tout en vue d’imposer un modèle politique ou idéologique d’organisation de la société, associant alors la science à une forme de religion. Les résultats de cette analyse amènent à interroger la notion même de débat sur le climat dans l’espace public. Le web ne semble pas favoriser le débat, mais reflète plutôt ses crispations pré-existantes dont il favorise la circulation. Les interactants articulent en permanence dimensions politiques/idéologiques et approches scientifiques du climat tout en mettant en avant l’incompatibilité qu’il y aurait entre elles.
Bibliographic reference |
Campion, Baptiste. Tensions entre science et politique dans les échanges en ligne relatifs aux changements climatiques.6° Congrès triennal de l'Association Belge de Science Politique (ABSP): ST13 Le régime climatique en politique: logiques temporelles et formes de controverses (Liège, 10/04/2014). |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/142325 |