Burnay, Nathalie
[UCL]
Depuis le milieu des années 1990, les instances internationales ont mis à l’agenda politique la question du relèvement des taux d’emploi des seniors. La légitimité d’un tel objectif repose sur la pérennisation des acquis de l’État Providence en matière de protection sociale : le vieillissement démographique doit certes être perçu comme une victoire (on vit plus longtemps et en meilleure santé que nos aïeux), mais celle-ci risque, toute chose étant égale par ailleurs, de nous coûter cher. Ainsi, ce relèvement des taux d’emploi des seniors trouve sa légitimité dans les propos des démographes et des économistes qui, par projections, tentent d’estimer l’augmentation des coûts imputés à ces transformations de la population. L’objectif de notre communication est de montrer combien le développement de dispositifs spécifiques d’aménagement des fins de carrière et plus spécifiquement de réduction du temps de travail, peut permettre de concilier les impératifs macroéconomiques liés au vieillissement avec les vécus au travail des seniors, dans une recomposition des temps sociaux et des parcours de vie. Notre communication reposera sur deux types de données, l’un quantitatif, l’autre qualitatif. Une récente recherche menée en Belgique auprès de 500 travailleurs dans deux secteurs différents (soins de santé et secteur manufacturier) permet de montrer combien la réduction du temps de travail en fin de carrière répond à une aspiration très importante des travailleurs belges : seuls 21% de l’échantillon souhaitent terminer leur carrière à temps plein. Nous montrerons combien les exigences professionnelles, l’intensification du travail et autre augmentation de la charge psychosociale contribuent à expliquer cette volonté de réduction du temps de travail. Mais nous montrerons également que cette entrée par les conditions de travail n’épuise pas le sujet et qu’une importante lame de fond reposant sur une transformation de l’investissement symbolique dans le travail traverse la société belge d’aujourd’hui. Ces résultats de recherche seront étayés par le volet qualitatif de notre recherche. A partir d’une quarantaine d’entretiens semi-directifs de travailleurs bénéficiant d’une formule de crédit-temps en Belgique (réduction du temps de travail en fin de carrière), cinq figures idéales-typiques ont été identifiées, croisant souffrance au travail et engagement professionnel ; investissement symbolique dans et hors travail. Ces données permettent de repenser les cadres temporels d’aujourd’hui à travers deux focales : la gestion des fins de parcours professionnel et l’articulation des temps sociaux à l’intérieur d’une cohorte particulière.
Bibliographic reference |
Burnay, Nathalie. Temps professionnel, temps contraint et temps choisi: lorsque la fin de carrière s'aménage.Les Dominations (Nantes , du 02/09/2013 au 05/12/2013). |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/136101 |