Debruyne, Emmanuel
[UCL]
Cette communication se propose d’envisager la question des rapports intimes entre soldats allemands et femmes des régions occupées à l’arrière du front occidental. Le phénomène de la « collaboration horizontale » et des réactions qu’il a suscitées dans différents pays occupés par l’Allemagne nazie a fait et fait encore l’objet de nombreuses recherches (comme Fabrice Virgili en France, ou Maren Roeger en Pologne). Cependant, journaux personnels, mémoires de guerre et littérature romanesque témoignent du caractère central de cette question dans la manière dont déjà les occupés de la Grande Guerre ont vécu, imaginé et narré leur occupation. Si elle fait partie du « paysage imaginaire » de l’occupation, la question a cependant rarement été traitée en tant que telle par la littérature scientifique. Récemment, les recherches de Philippe Nivet et de James Connolly ont cependant permis une meilleure connaissance du cas français, tandis que le côté belge a surtout été envisagé sous l’angle de la prostitution et de la sortie de guerre, respectivement par Benoît Majerus et par Laurence van Ypersele. Notre communication se propose dans un premier temps de dresser un panorama de la recherche sur ce point dans les deux pays, et d’interroger nos connaissances à ce sujet pour tenter d’appréhender l’étendue du phénomène, y compris dans ses différentes déclinaisons allant du viol à la romance, en passant par la prostitution professionnelle ou occasionnelle. Il s’agira également de s’interroger sur - Son évolution chronologique. La durée de l’occupation et la dégradation des conditions de vie alimentent-elles le phénomène ? Ou en modifient-elles la perception de la « mauvaise conduite » des femmes parmi les occupés ? - Ses variations d’ordre social et géographique. Existe-t-il une fracture entre Belgique et France ? Entre populations francophones et néerlandophones ? Entre gouvernement général et territoire des Etapes ? Entre bourgeoisie et classe ouvrière? Entre villes et campagnes? Enfin, il nous semble opportun d’évoquer un certain nombre de pistes de recherche susceptibles d’offrir de nouveaux développements à l’étude de ce phénomène, notamment par un recours à une approche micro-historique.


Bibliographic reference |
Debruyne, Emmanuel. ‘Femmes à Boches’. Perspectives sur une occupation horizontale (France et Belgique, 1914-1918).Encountering the Other in Wartime : The Great war as an Intercultural Moment ? (Paris (France), du 26/09/2013 au 27/09/2013). |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/135066 |