Skordou, Melpomeni Angeliki
[UCL]
(fre)
Dans cette thèse nous étudions la judiciarisation des résistances, outrages et violences isolées contre les représentants de l'ordre public en Belgique et plus particulièrement à Bruxelles.
Nous commençons notre étude en examinant, dans le premier chapitre, les caractéristiques des conflits rébellionnaires judiciarisés en Belgique de 1880 à 1980. À l'aide des statistiques judiciaires et d'une contextualisation sociohistorique des données nous infirmons l'hypothèse de la juvénilité et de la collectivité du phénomène.
Dans le deuxième chapitre nous analysons les dossiers des affaires de rébellion jugées devant le tribunal correctionnel de Bruxelles pendant la période de 1945 à 1975. Cette nouvelle source, riche qualitativement, nous permet d'infirmer une seconde fois et pour le territoire de la capitale bruxelloise l'hypothèse savante de la rébellion juvénile et collective.
Ensuite, dans le troisième chapitre, sur base de l'analyse des dossiers judiciaires, on suggère que les conflits rébellionnaires sont le résultat de l'immixtion de la police dans des conflits privés. Des hommes ayant la trentaine, le plus souvent issus des classes défavorisées, occupent des espaces publics et semi-publics des communes urbanisées de Bruxelles pendant leur temps de loisir. Leur implication dans des interactions violentes avec leurs camarades ou leur épouse dérange les représentants de l'autorité qui- véhiculant des normes de conduite bourgeoises -interviennent pour rétablir l'ordre. Des acteurs aux modes de conduite différents se heurtent sur la scène publique en essayant d'imposer leur façon d'être. L'activité policière participe à la criminalisation des formes populaires de vie sociale et de loisir.
Le quatrième chapitre est consacré à l'étude de la judiciarisation du phénomène rébellionnaire, en tant qu'ensemble d'événements isolés de violence contre des forces de l'ordre, à Bruxelles de 1945 à 1975. Nous avançons la thèse selon laquelle la judiciarisation du phénomène est dominée par l'action policière. Afin de l'appuyer, nous montrons que tant dans l'interaction des agents avec les citoyens que dans leur interaction avec les magistrats du parquet, les forces de l'ordre dominent la construction pénale des faits. Par ailleurs, nous soutenons que la mainmise policière dans la judiciarisation des rébellions relève de la dépendance professionnelle des magistrats du parquet des agents de l'ordre. Nous illustrons, enfin, ce propos par un exemple issu de nos sources.
Enfin, dans le cinquième chapitre nous critiquons la sociologie de la crise sur base de l'épistémologie constructiviste. L'approche de la sociologie de la crise vise à faire profiter la science de l'analyse de la réalité événementielle et rare. Contrairement à cette perspective, notre démarche consiste à mobiliser la méthode sociohistorique afin de montrer la valeur de l'étude de l'ordinaire au service d'une sociologie critique de la rébellion.
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Bibliographic reference |
Skordou, Melpomeni Angeliki. La rébellion ordinaire . Prom. : Brion, Fabienne ; Rousseaux, Xavier |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/133095 |