Gesché, Adolphe

L'article décrit le parcours biographique et académique d'Adolphe Gesché et s'efforce de dégager la portée de l'oeuvre théologique du théologien louvaniste (1928-2003). La série de publications intitulée « Dieu pour penser » (1993-2003) l'a fait connaître bien au-delà de l'aire francophone. En se tenant au lieu originel du langage de la foi, Gesché entend libérer Dieu des interdits de la religion et de la métaphysique, et le dégager des travers de la piété et de la théodicée. Surprendre Dieu en train d’être surpris par le mal et le refus de sa créature ; le saisir en plein désarroi, vulnérable, étonné. Pourquoi en effet épargner un Dieu qui a pris les risques de l’histoire ? Le théologien louvaniste souhaite ainsi retrouver le lieu originel du Dieu biblique pour éprouver « l’idée qu’on se fait de Dieu ». Athées et croyants se trouvent sur un pied d’égalité face à l’expérience de pensée qui consiste à « mettre Dieu dans l’épreuve plutôt que dans la preuve ». Non pas que la théologie doive renoncer à l’argumentation et aux requêtes d’une réflexion critique, mais devant l’abîme de la question du mal ou face à l’énigme de la mort, les arguments d’autorité pâlissent et les raisons logiques sont trop courtes. Décoré de l’Ordre de Léopold en 1988, il obtient le Prix Cardinal Mercier en 1993 et celui des Scriptores christiani en 1997. Élu correspondant de l’Académie Royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-arts de Belgique (Classe des Lettres, Section des Sciences morales et politiques) en 1996, il en devient membre en 2002. Il accède à la reconnaissance internationale avec le Grand Prix de philosophie de l’Académie Française en 1998. Des thèses de doctorats en cours lui sont consacrées par des chercheurs d’horizons les plus divers (Belgique, France, Espagne, Canada, R.D. Congo, Chine, etc.). Un réseau de chercheurs est en voie de constitution à partir de la Faculté de théologie de l’UCL, tandis que la série des ‘Colloques Gesché’ bisannuels se poursuit jusqu’à ce jour sans interruption à Louvain-la-Neuve, signe d’une pensée qui ne cesse de gagner en actualité.