Van Eeckenrode, Marie
[UCL]
C'est suite aux décès de son frère Juan, héritier du trône et premier époux de Marguerite d'Autriche (en octobre 1497), de sa soeur Isabelle (en août 1498) et de son neveu, Miguel, fils d'Isabelle et de Manuel Ier, roi du Portugal (en juillet 1500), que Jeanne de Castille, fille d'Isabelle et de Ferdinand, devient l'héritière des rois catholiques. Philippe le Beau, son époux, qui n'attendait pas tant de ce mariage espagnol, projette alors un voyage en Espagne pour que le jeune couple puisse s'y faire reconnaître héritiers, pressé d'ailleurs en cela par les souverains espagnols.
Mais Philippe, ou du moins ses ministres, ne paraissent pas pressés de gagner la péninsule ibérique. Averti dès le début du mois d'août du décès de Miguel, l'archiduc ne réunit les Etats généraux à Bruxelles qu'au mois de décembre. Il sollicite leur aide financière, sans laquelle il ne pourrait partir faire l’aprehention des Royalmes de Castille, Araghon, Leon, Chechille et Grenade : 100.000 mailles à la croix leur sont demandées. La décision des Etats est reportée deux fois ; les députés doivent en effet consulter leurs commettants, de plus l'absence de certaines délégations empêche tout prise de décision. Malgré tout, Philippe le Beau semble obtenir la somme demandée sans trop de difficultés.
L'annonce du premier voyage d'Espagne, répercutée dans les différentes assemblées d'états au retour des délégués, ne semble guère provoquer d'émotion, pas plus d'ailleurs que la perspective d'ajouter ces nouveaux territoires au patrimoine du prince naturel. On se contente d'en prendre acte et de débloquer l'argent nécessaire. Il est vrai qu'à ce moment, le voyage n'est encore qu'un projet. Il n'est pas certain que l'archiduc, devenu el príncipe, se rende en personne par delà les Pyrénées ni d'ailleurs que Jeanne elle-même y participe : s’il (le voyage) pooit ce faire par procuration, la chose se feroit. Ce qui chagrinerait plutôt, c'est la décision, quelques mois plus tard, alors que le départ a longtemps été postposé, de faire passer le convoi par terre plutôt que par mer : par la France plutôt que par l'Angleterre.
Le décès d'Isabelle la Catholique survenu en novembre 1504, fait de Philippe et Jeanne les nouveaux roi et reine de Castille. Les Etats généraux, convoqués au mois de janvier 1505, sont immédiatement avertis de l'intention de Philippe le Beau de retourner en Espagne et sollicités financièrement à hauteur cette fois de 400.000 florins. Les assemblées d'états, déjà largement mises à contribution pour le premier voyage, rechignent à sponsoriser ce nouveau déplacement. Avant d'obtenir gain de cause, el rey doit lourdement engager ses domaines et promettre qu'il metteroit ses pays en bonne pais avant de partir. Il est vrai que ce qui préoccupe d'abord à l'époque, c'est Charles d'Egmont et la guerre de Gueldre, insurrection qu'il faut à tout prix mater avant le départ.
Encore une fois, les députés des différentes assemblées d'états ne semblent pas se sentir concernés par la "question espagnole". On essaie de ménager son portefeuille d'abord, de s'assurer de la stabilité politique des Pays-Bas ensuite. Puis, grâce aux lettres régulièrement envoyées par Philippe le Beau et visiblement bien diffusées, on s'inquiète de la bonne santé du roi et de son entourage et on se tient éventuellement au courant de la façon dont ils sont reçus. Cette Espagne lointaine et si peu connue ne semble susciter ni enthousiasme ni curiosité.


Bibliographic reference |
Van Eeckenrode, Marie. L'attitude des assemblées d'états face aux deux voyages de Philippe le Beau en Espagne : entre inquiétude et indifférence. In: , |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/109737 |