Du dess(e)in, entre projet et procès

Cet ouvrage collectif se propose d’interroger la relation complexe qu’entretiennent dans la création artistique le projet et le procès. Cette problématique trouve en effet pour écho une opposition récurrente au cours des siècles entre le concept, ou l’idée formulée par l’artiste, et la réalisation, ou l’exécution concrète de celle-ci. Cristallisée au XVIe siècle, avec Giorgio Vasari et ensuite Federico Zuccaro, autour de la notion de disegno –notion dont la traduction française sous le vocable de « dessein » permit de prolonger les enjeux en raison de sa double acception comme intention et réalisation pratique–, cette problématique peut bénéficier d’une reformulation et d’une mise en perspective plus actuelle, prolongeant ses enjeux théoriques et épistémologiques, avec la question, centrale pour certaines pratiques artistiques du XXe et XXIe siècles, du travail joint ou disjoint du projet et du procès. En témoigne par exemple, l’émergence simultanée aux Etats-Unis dans la seconde moitié des années 1960, des courants de l’art conceptuel et de l’art processuel, lesquels attestent de manière exemplaire de la persistance de ces questions relatives à la conception ou à l’idea et à l’exécution ou au processus de réalisation concrète de l’objet artistique. Les huit textes rassemblés dans cet ouvrage, rédigés entre autres par Claire Barbillon, Ralph Dekoninck, Anaël Lejeune, Friedrich Teja Bach ou Tristan Trémeau, interrogent cette problématique dans une perspective transhistorique, depuis le XVIe siècle jusqu’au XXIe siècle, afin de témoigner la persistance de cette problématique et donc de son actualité, tout en mettant en évidence la singularité des termes dans lesquels celle-ci s’est pensée aux différentes époques. En définitive, il ressort de ces études que le concept et sa mise en œuvre effective entretiennent un rapport complexe qui n’est pas de l’ordre de la simple traduction plastique et visuelle d’une idée mentale, mais bien que le processus de réalisation se fait inventif et créateur en chacune de ses phases. L’objet d’art, l’objet visuel, ne peut donc équivaloir ou se laisser réduire au concept.