Harcèlement moral et action collective. Une approche normative de la prévention à partir des représentations sociales

Maesschalck, Marc [UCL]

Le milieu de l’action collective a considérablement évolué ces dernières années en fonction des transformations des relations de travail dominées par les exigences de productivité et les contraintes de flexibilité sur un marché du travail caractérisé par le sous-emploi. D’autres facteurs interviennent également dans cette évolution des pratiques d’action collective comme les orientations des politiques sociales menées par les Etats et les attentes des travailleurs eux-mêmes par rapport aux systèmes de protection collective. Un auteur comme Ulrich Beck, qui a construit la notion de société du risque , montre comment les systèmes d’Etats sociaux ont du s’ajuster à une nouvelle donne provoquée par une nouvelle génération de risques, les risques de système (environnementaliste, financier et terroriste), qui ont non seulement remis en question les principes de couverture assurantielle, mais modifié la culture sociale du risque. La conception industrielle du risque mesurable et gérable par des mécanismes collectifs a cédé la place à une conception globaliste des risques qui met en avant leur non-maîtrisabilité et la dissémination des responsabilités dans des chaînes opaques d’organisation systémique. De cette configuration nouvelle du rapport social aux risques a résulté l’acceptation de deux caractéristiques majeures des politiques de précaution : la distribution inégale des risques et la nécessaire individualisation des formes de protection en régime d’incertitude. Les mesures de veille et de vigilance doivent être adaptées en fonction de la situation occupée vis-à-vis du contact possible avec le risque.