Tumusabyimana, Véronique
[UCL]
(eng)
These last years, the phenomenon of the children of streets profit from political and media attention and the literature on the subject has not ceased to grow. The review of the scientific literature and the positions of the workers near those children release an image involving two complementary features: the child victim and/or the deviating child. The child victim is presumed innocent and immature. He undergoes passively through effects of the social structures. He is the product of series of events which he does not control. His first characteristic is that he is affected by his own. He does not manage to fit it. His route through the street makes him, abuses him. Then, he becomes deviating child when he refuses to leave the street. If, he progresses in this way, it is because he is unable to familiarize himself with his own history. The street is presumed immoral, who choose to live in, is also presumed immoral or worse, attached to immorality of the street.
However, the children of the streets in Rwanda teach us another perspective. Indeed, through the observation of their activities made up by their competences and their stories. This research indicates that the departure and the evolution of the children in the street are related to conjunction of elements, among which figure first the evaluation, the child has on each one of these elements. The diversity of the activities which children carry on in the street is a sign of their competences and their role as active and creative actor. In addition, the principles and the standards which they respect are very largely coherent with those of the Rwandan society.
In any manner, these children do not seem deviating: they rather observe carefully the social regulations which required that every citizen has to be responsible of himself.
Though the progression of the children in this space which is not linear, is accompanied by a succession of objective changes on positions, achievements, responsibilities and perspectives. The absence of linearity is explained by the perception and/or the particular interpretation of each child of the events to which he is faced to in this space. The life adopted by the children of the streets is not an unhappy management of the daily life but a construction of a career made up by the development of competences for a large number of them.
(fre)
Le phénomène des enfants des rues a bénéficié d’une attention politique et médiatique au cours de ces dernières années et la littérature sur le sujet ne cesse de croître. L’examen de la littérature scientifique et des positions des intervenants auprès de ces enfants dégage une image porteuse de deux facettes complémentaires : l’enfant victime et/ou l’enfant déviant. L’enfant victime est postulé innocent et immature, il subit passivement les effets des structures sociales. Il est le fruit d’enchaînement d’événements qu’il ne maîtrise pas. Sa caractéristique première est qu’il subit son histoire et à aucun moment, il ne parvient à se l’approprier. Son passage par la rue va le façonner, va le gâcher. Il devient alors déviant quand il refuse de quitter la rue. S’il évolue de cette façon, c’est parce qu’il n’arrive pas à s’approprier son histoire. La rue est postulée immorale, celui qui y vit est donc postulé lui aussi immoral ou, pire, attaché à l’immoralité de la rue.
Cependant, les enfants des rues au Rwanda nous enseignent une autre perspective. En effet, partant de l’observation de leurs activités marquées par des compétences et de l’analyse de leurs récits, ce travail révèle que le départ et le maintien des enfants dans la rue sont liés à une conjonction d’éléments, parmi lesquels figure en premier plan l’évaluation que fait l’enfant de chacun de ces éléments. La diversité des activités que ces enfants exercent dans la rue est un signe de leurs compétences et de leur rôle d’acteur actif et créatif. Par ailleurs, les principes et les normes qu’ils respectent sont très largement cohérents avec ceux de la société rwandaise.
En aucune manière, ces enfants n’apparaissent comme des déviants : ils ont plutôt tendance à respecter scrupuleusement les prescriptions sociales qui exigent entre autres de chacun qu’il se montre responsable de lui-même.
La progression des enfants dans cet espace même si elle n’est pas linéaire est accompagnée d’une suite de changements objectifs de positions, de réalisations, de responsabilités et de perspectives. Cette absence de linéarité s’explique avant tout par la perception et/ou l’interprétation particulière de chaque enfant des événements qui se présentent à lui dans cet espace. La vie adoptée par les enfants des rues n’est pas une gestion malheureuse du quotidien mais une construction d’une carrière marquée par le développement des compétences pour un grand nombre d’entre eux.
Bibliographic reference |
Tumusabyimana, Véronique. Le phénomène des enfants des rues au Rwanda : une analyse de la dynamique du départ et de la progression dans la carrière de la rue. Prom. : Charlier, Jean-Emile ; De Ketele, Jean-Marie |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/33412 |