Contextualiser et co-construire en classe de français : quels effets sur la motivation des élèves ? Le cas de l'enseignement de la poésie

(fre) Dans l'enseignement secondaire supérieur du réseau catholique de la Communauté française de Belgique, les programmes et les manuels scolaires prescrivent plus ou moins explicitement de contextualiser les apprentissages et de co-construire les contenus avec les élèves à l'occasion des leçons consacrées à la poésie. Pourtant, il règne un certain flou autour de ces pratiques prescrites : aucune définition claire n'a été fournie aux enseignants à qui on demande de se les approprier. L'un des objectifs de notre travail est de leur fournir des outils leur permettant de mieux évaluer leurs pratiques et d'en améliorer l'efficacité. Dans le cadre de cette thèse, nous avons montré l'existence de liens entre ces deux pratiques enseignantes et certaines croyances motivationnelles des élèves : celle qui concerne leur attente de réussite vis-à-vis d'une tâche spécifique (expectancy) et celle qui concerne leur perception de la valeur de cette tâche (value) quant à son intérêt, son utilité, son importance et quant au coût que sa réalisation implique en termes de temps et d'efforts par rapport aux bénéfices récoltés. Or, il a été montré par d'autres chercheurs que la motivation des élèves augmentait la qualité de leurs apprentissages. Nous avons réalisé une enquête en collaboration avec cinq enseignants qui nous ont permis de filmer leurs leçons et de recueillir les perceptions des élèves via un questionnaire statistiquement validé et des entretiens. Les questionnaires ont été complétés par l'ensemble des élèves (120 sujets en tout), tandis que pour les entretiens, nous avons sélectionné vingt-cinq élèves (cinq par classe) de profils différents sur le plan de l'engagement (prise de parole ou non, prise de notes ou non, écoute attentive ou non). La thèse s'organise en quatre parties. La première pose les bases conceptuelles et méthodologiques de notre travail. Nous y avons montré comment nous avons transformé des concepts véhiculés par la littérature (la contextualisation, la co-construction, les croyances motivationnelles) en variables opérationnelles pour décrire les pratiques des enseignants et questionner la motivation des élèves. Chaque variable a ainsi été opérationnalisée sous la forme d'indicateurs d'une grille d'observation et sous la forme d'items de questionnaire. Ensuite, nous avons situé notre recherche dans le champ de la didactique du français et avons présenté notre protocole de type "mixte", lequel allie des démarches et des données de natures quantitative et qualitative à différents moments du processus de recherche pour assurer une compréhension plus riche et plus complète de la problématique. Dans la seconde partie, nous avons présenté l'objet didactique au cœur des séquences analysées : l'enseignement de la poésie en général, et l'interprétation de textes poétiques en particulier. Nous avons commencé par retracer l'histoire de l'enseignement de la poésie pour en arriver à relater les prescriptions des programmes d'enseignement et de manuels actuels, en insistant particulièrement sur celles qui concernent la contextualisation des apprentissages et la co-construction des contenus. Ensuite, nous avons comparé ces prescriptions avec les approches effectives de la poésie dans nos cinq classes. Ce travail de comparaison a été facilité par la réalisation de résumés synoptiques des séquences, qui ont mis à jour des logiques et des enjeux bien distincts chez les cinq professeurs. Dans la troisième partie, nous avons décrit les modalités de contextualisation des apprentissages et de co-construction des contenus repérées dans les cinq classes. Nous avons comparé les modalités relevées dans les activités discursives des enseignants mais aussi dans les tâches qu'ils proposent afin de pouvoir, in fine, situer les dispositifs sur deux axes associés à des degrés de contextualisation et de co-construction des contenus. La quatrième et dernière partie présente les résultats des études de motivation quantitative et qualitative. Pour ce qui est de l'enquête quantitative, après avoir donné quelques indications sur les différentes analyses statistiques réalisées à partir des réponses apportées au questionnaire, nous nous sommes livrée à des comparaisons entre classes. Ensuite, nous avons analysé les liens entre les perceptions des élèves et leur motivation à travers une étude corrélationnelle. Quant aux études de cas menées à partir d'observations et d'entretiens, elles ont permis d'expliquer certains constats résultant de l'analyse des questionnaires et d'étayer les liens que nous avons établis entre différentes dimensions.