Majastre, Christophe
[USL-B]
Les controverses sont devenues ces dernières années, sous l’influence de la sociologie des sciences et des techniques, un objet d’études à part entière (Lemieux 2012). Restant relativement à l’écart de cette tendance, la sociologie politique de la construction européenne n’en a pas moins touché à la question de la « mise en controverses » de l’Europe, en revisitant par exemple ses débats supposément « fondateurs » (Rosamond 2015 , White 2003). L’ambition de cet article est d’ouvrir l’agenda de recherche délimité par la sociologie des savoirs de l’Europe à l’objet des controverses. Le principal obstacle à cette ouverture est la non-prise en compte de la question du « public ». Premièrement, nous montrons que cette négligence a pour cause la charge normative associée à la notion dans une perspective habermassienne, à travers la notion d’« espace public » européen. Ensuite, nous nous tournons vers cette littérature pour mettre en évidence que la question du public s’avère centrale dans une série de travaux qui s’intéressent à la construction des savoirs sur l’Europe, aussi bien au plan national que dans le « champ du pouvoir européen » (Cohen 2007). Enfin, nous proposons, à partir de l’analyse des différentes formes de public que peuvent invoquer les intellectuels dans les débats sur l’Europe en Allemagne, d’esquisser les pistes d’un nouvel agenda de recherche, celui d’une « archéologie des publics ». Cet agenda devrait avoir pour ambition d’étudier l’histoire des usages publiques de la raison et permettre de penser sociologiquement l’impossibilité dans laquelle se trouve l’Europe de trouver un public.
Bibliographic reference |
Majastre, Christophe. Comment aborder les controverses intellectuelles sur l’Europe ? D’une sociologie des savoirs à une archéologie des publics.Europe, la fin du spectacle (Université Saint-Louis Bruxelles, du 21/02/2018 au 22/02/2018). |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.3/207318 |