Concurrence, risque ou complémentarité ? Sécurité publique et sécurité privée en Belgique. Le regard de l'historien

Cette contribution envisage une réflexion historique à propos des enjeux, difficultés et débats que pose l'accroissement récent des champs d'intervention d'acteurs privés dans quant à l'exercice de la sécurité au sein de la société belge contemporaine. Elle ne se contente pas de dresser une chronologie des grandes étapes de ce débat depuis l'Indépendance de Belgique. Au contraire, elle propose une réflexion sur les transformations progressives de la répartition des tâches policières et de sécurité, entre espace public et espace privé. D'abord, nous éclairons les attitudes respectives adoptées sur cette question, entre prohibition, encadrement et acceptation toujours plus grande. Entre autorités publiques, polices et acteurs privés, quand et de quelle manière est-il possible de parler de concurrence ou de complémentarité ? Ce faisant, il s'agit de comprendre comment, quand et par qui les acteurs non-étatiques de tâches sécuritaires ont pu parfois être considérés comme des opportunités ou au contraire, des risques à " encadrer ". Entre tolérance, utilisation ou répression, c'est une histoire aux facettes multiples que nous proposons. Surtout, à l'aide d'exemples tirés de l'histoire contemporaine du pays, nous démontrons les formes multiples que peut prendre à travers le temps la " sécurité privée ", les évolutions progressives des frontières qui la distinguent de la " sécurité publique. Nous relevons également la diversité des contextes et des besoins, notamment les crises, dans lesquels ces formes de " sécurité privée " ont pu s'exprimer. De cette façon, la contribution propose de revenir sur une histoire de la conception de l'Etat au prisme de l'exercice des compétences régaliennes, historicisant certaines de leurs transformations récentes.