de Nanteuil, Matthieu
[UCL]
En ce début de XXIe siècle, nous entrons dans une ère nouvelle : planétaire, hyper-technicisée, structurellement inégalitaire. Peut-on en préciser les termes ? La thèse que je voudrais proposer ici est la suivante : la période que nous traversons met en crise le concept même de solidarité. Je parle bien de « concept » et non seulement de « pratiques ». Nous ne vivons pas seulement une crise des pratiques de solidarité – lesquelles seraient fortes ici, faibles là… C’est le concept de solidarité comme tel qui me paraît durablement et profondément atteint. Cette évolution n’est d’ailleurs pas sans lien avec la crise de la sociologie elle-même. Ce qui émerge comme une tendance lourde ne tient pas seulement au fait que la sociologie serait moins « audible » ou moins « pertinente » qu’à d’autres moments de l’histoire. Nous sommes face à un processus d’affaissement conceptuel de longue haleine, qui explique en grande partie le recul dont elle fait l’objet dans l’espace médiatique et intellectuel contemporain. Dès son origine, la sociologie entretint avec la solidarité un rapport réciproque : elle était à la fois l’instrument théorique qui donna à ce terme ses lettres de noblesse et la conséquence, dans le champ scientifique, des transformations à l’œuvre dans la société industrielle, où se cherchaient des formes de vie « vivables » face aux bouleversements issus des révolutions libérales de la fin du XVIIIe siècle. En d’autres termes, la sociologie n’a pas inventé la solidarité comme telle – mais elle en a inventé le concept. La crise de celui-ci l’atteint donc dans son projet même. Comment y répondre ? C’est l’enjeu de ce texte.
Bibliographic reference |
de Nanteuil, Matthieu. Entre socialisation et vulnérabilité. Redéfinir la solidarité.Colloque Karl Polanyi. Des sociétés en transition : économie sociale et solidaire, commun, action publique, bien vivre (CNAM - Paris, du 19/05/2016 au 20/05/2016). |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/192672 |