Jacquet, Antoine
[ULB]
Snyers, Bénédicte
[UCL]
L’usage de la langue par les journalistes semble susciter des considérations nombreuses et jouir d’un statut à multiples facettes. Plusieurs chercheurs ont avancé que cette variété joue un rôle de référence pour la communauté (Moreau 1997 ; Vézina 2009) ; d’autres ont souligné qu’elle constitue à la fois le modèle et le reflet linguistiques de la communauté (Raymond et Lafrance 2001) ; de nombreux auteurs, enfin, considèrent sans toutefois pouvoir le démontrer qu’elle possède un pouvoir d’influence (voir Remysen 2010). Dans une étude précédente, nous avons souligné la notion de devoir professionnel associée aux pratiques langagières des journalistes. Nous appuyant sur ces études, nous examinerons les représentations et attentes « profanes » à l’égard de la langue des journalistes dans le contexte de la Belgique francophone, celles-ci n’ayant pas fait l’objet d’études sociolinguistiques majeures depuis un quart de siècle (Garsou 1991 ; Francard 1993). Nous mettrons en relation trois types de données : 1) des entretiens semi-directifs menés auprès de 27 francophones de Belgique répondant à des profils variés ; 2) un questionnaire en ligne diffusé largement auprès des francophones de Belgique (en cours) ; et 3) un corpus de 1 302 commentaires métalinguistiques d’internautes postés au bas d’articles de cinq sites d’information belges. Ce corpus combine donc des commentaires de locuteurs s’exprimant spontanément sur les pratiques langagières des journalistes et des discours moins directement accessibles. Les propos recueillis témoignent de représentations hétérogènes à l’égard de la langue utilisée dans les médias : si de nombreux locuteurs citent volontiers les journalistes comme modèles de bon langage, d’autres s’offusquent de leur maitrise du français jugée insuffisante. Ces représentations mettent en exergue les attentes normatives fortes qui pèsent sur les journalistes. Nous examinerons la manière dont les discours profanes actuels intègrent et articulent les différentes notions évoquées (reflet, pouvoir d’influence, modèle/référence, devoir professionnel). Bibliographie Francard, M. et al (1993), L’insécurité linguistique en Communauté française de Belgique, Bruxelles, Service de la langue française, « Français & Société », n°6. Garsou, M. (1991), L’image de la langue française. Enquête auprès des Wallons et des Bruxellois, Bruxelles : Service de la langue française, « Français & Société », n° 1. Raymond, D. et A. A. Lafrance (éd.) (2001), Norme et médias, Les publications du Québec, Terminogramme 97-98. Remysen, W. (2010), « La politique linguistique des médias publics au Québec et en Flandre : de quelle conception de la langue est-il question ? », in Remysen, W. et Vincent, D. (éd.), Hétérogénéité et homogénéité dans les pratiques langagières : Mélanges offerts à Denise Deshaies, Presses de l’Université Laval, coll. Langue française en Amérique du Nord, p. 115-150. Vézina, R. (2009), La question de la norme linguistique, Québec, Conseil supérieur de la langue française.
Bibliographic reference |
Jacquet, Antoine ; Snyers, Bénédicte. La langue des journalistes a-t-elle la cote ? Discours profanes en Belgique francophone.ILPE 3 – Les idéologies linguistiques dans la presse écrite : l’exemple des langues romanes (Alicante, du 25/10/2017 au 27/10/2017). |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/188731 |