Djelloul, Ghaliya
[UCL]
Comment les arrangements de genre patriarcaux de type traditionnels ont-ils évolué malgré les nombreuses mutations traversées par la société algérienne au XXème siècle, et plus spécifiquement depuis la fin de la « décennie noire »? Comment se reproduisent-ils dans les imaginaires et les pratiques malgré le difficile maintien de leurs conditions matérielles d’existence? (Addi, 1999 ; Bendjelid & al., 2010 ; Bekkar, 1995 ; Cheriet 2009 ; Djerbal, 2006 ; Lacoste-Dujardin, 1985 ; Oussedik, 1996) A partir d’une enquête sur la « mobilité spatiale » de femmes vivant dans des quartiers périphériques d’Alger, dans laquelle je tente de comprendre comment elles accèdent, se déplacent et s’approprient les espaces publics urbains, je souhaiterais montrer comment les rapports de genre sont affectés par les environnements urbains et en transforment, en retour, les formes de sociabilités. Le thème de la « mobilité » soulève la question du contrôle des familles sur l’usage des corps des femmes, et notamment l’enjeu de la sexualité. Or, l’urbanisation, définie comme un mode de spatialisation faisant de la « mobilité » une condition d’implication dans la vie collective (Remy, 2016 : 29&ss), et dont l’une des conséquences est l’éclatement des unités résidentielles des familles élargies (Addi, 1999 ; Oussedik & al, 2015), rend difficile l’exercice de ce contrôle. Les quatorze mois de terrain ethnographique (entre juin 2014 et janvier 2016) mené auprès de femmes résidant dans les périphéries est, sud et ouest d’Alger, m’ont permis de vivre et d’observer les tentatives des groupes familiaux de maintenir leur centralité dans la production de l’espace de ses membres et les stratégies déployées par les actrices sociales, se saisissant des opportunités qu’offre le tissu urbain, pour naviguer d’une ville « visible » à « invisible » (Remy, ibid), c’est-à-dire formée par un réseau de relations, de lieux et de contacts, souvent privés, leur permettant notamment d’avoir des pratiques affective et sexuelle qui échappe au contrôle de l’ordre domestique. Le but de ma communication est de montrer comment les familles cherchent à étendre spatialement leur contrôle en cadrant la présence des femmes dans les espaces extra-domestiques, par le biais d’un «ordre moral urbain » (Addi, 1999), régime définissant l’usage socialement légitime que les actrices sociales peuvent faire de leurs corps en fournissant les cadres interprétatifs de leur visibilité dans les espaces extra-domestiques. Je souhaite mettre en lumière la participation de la religion à la reproduction des représentations et des identités genrées par le biais de transactions sociales (Remy et al., 1978) entre les groupes sociaux de sexe malgré un processus d’urbanisation acculturateur et déculturateur (Remy, 2016 ; Bourdieu, Sayad) .


Bibliographic reference |
Djelloul, Ghaliya. Genre, espace et religion : étude de l’«ordre moral urbain » à partir de l’enjeu de la mobilité spatiale de femmes résidant en périphérie d’Alger.Savoirs de genre, quel genre de savoir ? État des lieux des études de genre (Bruxelles, du 19/10/2017 au 20/10/2017). |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/188343 |