Autonomisation des femmes dans un contexte de déficit de développement réel : une analyse des pratiques des Bayam-Sellam Détaillantes des marchés populaires de Yaoundé et de Douala au Cameroun

(fre) Au Cameroun, et plus particulièrement sur les marchés populaires de Yaoundé et de Douala, comment les Bayam-Sellam Détaillantes (BSD), revendeuses de denrées alimentaires, s’autonomisent-elles à travers leurs pratiques d’achat et de vente dans un contexte de déficit de développement réel ? La recherche de la réponse à cette question de départ a fixé l’objectif central de cette thèse. Il s’agissait de contribuer à une meilleure compréhension des pratiques d’autonomisation des BSD, d’en saisir les ressorts, les limites et les potentialités dans le contexte camerounais. D’un point de vue épistémologique, cette thèse s’inscrit dans une démarche (dé)constructiviste du modèle de développement dominant. S’appuyant sur la complémentarité entre les paradigmes utilitaristes, acteurs, systèmes et structures, et régulation économico-sociale et conventions, elle met en lumière la dichotomie qui existe entre le discours dominant et les pratiques réelles des acteurs locaux dans le champ du secteur du vivrier. Il apparaît que, structurellement, ces pratiques tendent à être dominées par le masculin, celles des femmes se trouvant cantonnées dans des formes subalternes. Cette affirmation est soutenue par une série d’indicateurs nourris d’informations pertinentes sur les différentiels d’opportunités, de capacités et de contraintes financières entre les hommes et les femmes Bayam-Sellam à différents niveaux de la vie sociale, politique et économique. Tout se passe comme si les BSD étaient les grandes perdantes du processus de développement camerounais dans sa triple dimension métrique, territoriale et genrée. Les BSD se mobilisent toutefois en réseaux de sociabilité, de solidarité réciproque. Ces réseaux sont conceptualisés à travers la figure de l’ASSO, un acteur essentiel, en marge des standards du modèle de développement référentiel, qui illustre l’encastrement de pratiques sociales et commerciales dans la sphère de l’économie substantive. Les nouveaux éléments étudiés ont pour but d’enrichir le débat sur la problématique de l’autonomisation des BSD, c’est-à-dire de leur capacité à contribuer au développement réel du Cameroun et à améliorer leurs conditions de vie. C’est dans ce contexte que nous proposons des perspectives d’actions et de recherches futures.