Lourenço de Abreu, Leonor
[UCL]
« Si Lautréamont avait connu l’Amazone, il est certain qu’il apparaîtrait dans les Chants. C’est une sorte de bouillonnement de nuages, de terre, de verdure et d’eau qui semble avoir rompu toutes les digues imaginables », écrit Benjamin Péret en 1955. Le sentiment d’étrangeté que provoque Les Chants de Maldoror et le décalage structurel de son auteur par rapport au champ littéraire français du dernier tiers du 19e siècle tiennent, peu ou prou, au double statut culturel d’Isidore(o) Ducasse. Cette communication a pour but de mettre en lumière les points d’intersection à travers lesquels l’imaginaire du poète surréaliste français rencontre celui du nouvel avatar du « barbare » engrangé par Lautréamont : à savoir les espaces béants du « nouveau monde ». Espace polymorphe, qui fusionne non seulement réalités géographiques, mais aussi univers onirique (des pulsions instinctives) et univers métaphorique du grouillement originel, le « nouveau monde » configure pour Péret le terreau par excellence de fermentation des mythes, à la confluence de l’individuel et du collectif. Lieu de cheminement anachronique et labyrinthique où archaïsmes et anachronismes se rejoignent, l’espace mundonoviste obéit dès lors au principe des métamorphoses permanent. On en trouve un équivalent fertile dans les pratiques signifiantes des deux auteurs qui transgressent (et régénèrent) – l’un par une écriture lucidement contrôlée, l’autre par l’abandon au vertige automatique – les canons littéraires de leur époque. C’est à la lumière de ce dispositif verbal, à la limite de l’absurde, et qui marque un éternel recommencement, que je me propose d’analyser les proses « maldororiennes » et les nombreux contes surréalistes de B. Péret afin d’en dégager les affinités électives et la commune démesure. Celle que confirmèrent, pour Péret, ses divers séjours au Brésil (1029-1931 et 1955-1956).
Bibliographic reference |
Lourenço de Abreu, Leonor. Ducasse-Péret, un intertexte dynamique. In: Paul Aron, Jean-Pierre Bertrand et Pascal Durand (éd.), La Littérature Maldoror, Actes du Septième Colloque International sur Lautréamont, Du Lérot : Tusson (France) 2005, p. 151-161 |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/175682 |