Meunier, Nicolas
[UCL]
This study is made up of two parts, aiming to combine two approaches often dissociated within modern historiography: a narrative and a historical one. The version of History handed down by tradition about the Early Republic is structured around the struggle of the orders and more specifically around three bones of contention: the issue of debts, the agrarian laws and the sharing of the consular power. These three themes have been selected as the approach paths in both parts of this study. The research carried out in this way has led to a better understanding of how tradition was elaborated from a narrative point of view: it first confirms that the concordia-discordia concepts are the basis of the whole construction of the narrative, then demonstrates the existence of a set of four master patterns for staging one of the four possible types of social struggle (traditional or inverted patricio-plebeian struggle, patricio-patrician or plebeio-plebeian struggle): such variation can be explained by the fact that many historical elements available to the narrator did not fit the traditional theme of the struggle of the orders. Secondly, our research shows that these narrative tools were used to reinterpret a history that was not that of Rome alone, but of the Latin League as a whole: with the key to interpretation previously identified, but also thanks to many contradictions pervading the narrative, it is possible to trace the stages of formation of the federal army and institutions, but also the various means used by Rome to gradually get hold of the Latin League.
(fre)
Les périodes hautes de l’histoire romaine sont incontestablement parmi les plus fascinantes qui soient et l’on comprend bien que la question des origines et des premiers développements d’une ville qui parvint à bâtir l’un des plus vastes et des plus durables empires de l’Histoire ait suscité l’intérêt de nombreux chercheurs. Pourquoi cette cité a-t-elle réussi là où toutes les autres ont échoué ? Quelle fut la « recette » utilisée ? La réponse se trouve dans les premiers temps de son existence, au moment où tous les instruments qui firent par la suite son succès se sont mis en place. La version de l’Histoire transmise par la tradition est entièrement structurée autour du conflit patricio-plébéien et plus précisément autour de trois pommes de discorde qui firent chacune l’objet d’un accord dans le triptyque législatif licinio-sextien : la question des dettes, celle des lois agraires et celle du partage du pouvoir consulaire. À chacune de ces trois thématiques a été consacré un chapitre dans la première partie de la thèse (analyse narrative) et un autre qui lui est corrélé dans la seconde partie (critique historique). La recherche ainsi conduite a permis dans un premier temps de mieux comprendre la manière dont la tradition a été élaborée sur le plan narratif, notamment en démontrant l’existence d’un jeu inversé de quatre schémas directeurs permettant de mettre en scène l’un des quatre types de conflit social possibles (patricio-plébéien traditionnel ou inversé, patricio-patricien ou plébéio-plébéien). Dans un second temps, notre recherche montre que cet arsenal narratif a servi à réinterpréter une histoire qui n’était en réalité pas celle de Rome seulement, mais de l’ensemble de la Ligue latine. Grâce aux nombreuses contradictions émaillant le récit, il est possible de retrouver non seulement les étapes de formation de l’armée et des institutions fédérales entre la bataille du lac Régille et l’abolition de la Ligue, mais aussi les différents moyens utilisés par Rome pour mettre progressivement la main sur cette dernière : une remise en contexte qui fait apparaître les troubles sociaux et l’histoire de la Haute République en général sous un tout autre jour.
Bibliographic reference |
Meunier, Nicolas. Romains et Latins : récit et histoire de la Haute République jusqu'à l'abolition de la Ligue latine (509-338 av. J.-C.). Prom. : Isebaert, Lambert ; Mineo, Bernard |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/168003 |