Robert, Laurent
[UCL]
Auteure prolifique, Daniel Lesueur (1854-1921) a connu, à la fin du dix-neuvième siècle et à la Belle Époque, à la fois le succès public, l’estime critique et la reconnaissance institutionnelle. Figure féminine respectée, elle publie en 1908 Nietzschéenne, roman d’une singulière gravité. Elle y fait écho à un contexte intellectuel particulier, l’influence supposée de Nietzsche sur toute manifestation d’indépendance et de créativité féminine au début du vingtième siècle. Elle y dénonce les lectures tendancieuses qui sont faites de la philosophie nietzschéenne, généralement dans un dessein conservateur et antiféministe. Nietzschéenne ne se réduit toutefois pas aux circonstances qui l’ont vu naître. Son héroïne se veut en effet une bienfaitrice sociale, cherchant à bâtir une société d’équité et d’harmonie entre les classes et réfléchissant – pour reprendre les mots de George Sand dans Le Compagnon du Tour de France – à l’« arithmétique » la plus adéquate « pour pratiquer le bien dans une société livrée au mal ». De fait, c’est à partir de cette question du meilleur système social que nous nous livrons à une lecture croisée de La Ville noire de George Sand et de Nietzschéenne de Daniel Lesueur – deux romans de la maturité, deux idylles chastes, deux œuvres aussi où la femme est à l’origine de la construction de l’utopie sociale. Nonobstant les variations liées au contexte historique et sociologique, les deux textes témoignent de postures d’écrivaines engagées, chez qui toute question sociale est indissociable de sa dimension éthique.
Bibliographic reference |
Robert, Laurent. De La Ville noire à Nietzschéenne : l’utopie sociale chez George Sand et Daniel Lesueur.George Sand et ses consoeurs : la femme artiste et intellectuelle au XIXe siècle (Università degli Studi di Verona, du 29/06/2015 au 01/07/2015). |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/165033 |