van Ypersele de Strihou, Jean-Pascal
[UCL]
Les pays développés sont responsables de la plus grande partie du réchauffement global mais les pays en développement sont ceux qui en ressentent le plus fortement les effets et qui ont le moins de moyens pour s’y adapter. C’est « l’injustice fondamentale des changements climatiques». La réponse aux changements climatiques combine atténuation6 et adaptation. Du point de vue des Pays en Développement, l’atténuation conditionne l’exercice effectif du droit au développement. Cependant, dans de nombreux pays, la sensibilité aux changements climatiques est telle que l’adaptation conditionne aussi le développement. L’adaptation étant une question de développement, les politiques visant à répondre au défi des changements climatiques gagneront à être conçues dans le cadre des activités de développement. Cette intégration est indispensable pour que la réponse aux changements climatiques soit conforme aux objectifs du développement humain, notamment la réduction de la pauvreté. On distingue trois types d’interactions entre développement et changements climatiques : (i) l’impact des changements climatiques sur les projets de développement ; (ii) l’impact des projets sur les changements climatiques ; (iii) l’impact des projets sur la vulnérabilité des populations et/ou des écosystèmes aux changements climatiques. Ces trois impacts combinés sont susceptibles de réduire considérablement l’efficacité de l’aide au développement. Le développement est cependant aussi un élément clef pour réduire la vulnérabilité. Dans la mesure où elle est déterminée par un faisceau de facteurs, la vulnérabilité doit être vue comme un processus dynamique, fortement déterminé par le contexte spécifique. Il n’y a donc pas de « recette » en matière d’adaptation. L’adaptation ne peut notamment pas être réduite à la coopération dans le domaine des infrastructures. A l’échelle internationale, on constate que l’intégration de l’adaptation à la coopération au développement accuse partout un retard certain. Le combler requiert une conviction stratégique forte au plus haut niveau. Au niveau des agences de coopération, le rapport dresse une liste de procédures et d’instruments spécifiques à mettre en œuvre. L’intégration butte sur les limites des enveloppes financières disponibles. Pour éviter que les objectifs du développement soient mis en danger, il paraît indispensable de respecter le principe pollueur-payeur, donc de redistribuer substantiellement les richesses à l'échelle mondiale. Ceci plaide en faveur d’une nouvelle architecture internationale de la coopération, notamment multilatérale (« less funds, more funding » pour reprendre l’expression imagée du Secrétaire exécutif de la Convention-climat.) Au niveau belge, on observe que la coopération au développement présente des tendances analogues à celles qui sont observées à l’échelle internationale: sous-estimation du défi, manque d’attention aux besoins en matière d’adaptation, difficulté méthodologique à concevoir l’intégration au sein des politiques et des procédures existantes. Une première approche de la coopération belge fait apparaître un risque assez sérieux car 71% des projets relèvent de secteurs directement sensibles aux changements climatiques. Un premier examen des 18 pays partenaires pointe en direction de quatre conclusions: (i) l’aide à l’adaptation devrait représenter la principale dimension de l’intégration de la problématique climatique dans la politique belge de coopération ; (ii) les besoins sont considérables dans la plupart des pays et interfèrent très étroitement avec l’agenda du développement humain; (iii) pour plus de la moitié des pays, les changements climatiques risquent d’avoir des incidences négatives majeures sur le rendement des cultures, et donc la sécurité alimentaire ; (iv) il est possible de favoriser aussi des stratégies d’atténuation (réduction des émissions) dans les PeD, mais parmi les partenaires de la Coopération belge, un seul pays (Afrique du Sud) se prête à des actions climatiquement significatives ; (vi) cinq pays disposent de surfaces forestières dont la conservation pourrait contribuer à l’atténuation, mais à certaines conditions et dans certaines limites. L’intégration de la politique climatique à la coopération belge pourrait se heurter à deux difficultés spécifiques: le manque de capacités dans les pays partenaires et le manque de personnel au niveau de la Belgique. Sans une amélioration significative à ce second niveau, il semble impossible de faire prendre à la coopération belge le tournant de l’intégration de la question climatique.
(eng)
Developed countries are responsible for most of the of global warming but developing countries are those which are the most affected and which have the least means to adapt to it. This is "the fundamental injustice of climate change”. The answer to climate change is a combination of mitigation6 and adaptation. From the point of view of Developing Countries, mitigation conditions the actual exercising of the right to develop. However, in numerous countries, vulnerability to climate change is such that adaptation also conditions development. Since adaptation is a question of development, the policies aimed at meeting the challenge of climate change will gain from being conceived within the framework of development activities. This integration is essential if the response to climate change is to comply with the objectives of human development, especially the reduction of poverty. We can distinguish three types of interactions between development and climate change: (i) the impact of climate change on development projects; (ii) the impact of projects on climate change; (iii) the impact of projects on the vulnerability of populations and/or ecosystems to climate change. These three types of impact combined are likely to considerably reduce the effectiveness of development aid. However, development is also a key element in reducing vulnerability. Insofar as it is determined by a whole range of factors, vulnerability must be seen as a dynamic process, strongly defined by the specific context. Therefore, there is no “recipe” as regards adaptation. In particular, adaptation cannot be reduced to cooperation in the domain of infrastructures. On an international level, it is quite clear that the integration of adaptation into development cooperation is certainly running late everywhere. A strong strategic conviction is required at the highest level to overcome this shortfall. As regards cooperation agencies, the report provides a list of procedures and specific instruments to be implemented. This integration is limited by the financial budgets available. To prevent endangering development objectives, it seems vital to respect the Polluter Pays Principle, i.e., to substantially redistribute wealth on a global scale. This pleads in favour of a new international cooperation structure, especially multilateral ("less funds, more funding" to quote the image used by the Executive Secretary of the Climate Convention). In Belgium, we have seen that development cooperation has similar trends to those seen on an international level: underestimation of the challenge, lack of attention to needs in term of adaptation, methodological difficulty in conceiving integration into existing policies and procedures. An initial approach of the Belgian cooperation reveals a relatively serious risk because 71% of the projects depend on sectors which are directly sensitive to climate change. An initial study of the 18 partner countries points in the direction of four conclusions: (i) aid for adaptation should represent the main element of the integration of the climate problem into the Belgian cooperation policy; (ii) the needs are considerable in the majority of countries and interfere very closely with the human development agenda; (iii) for more than half of the countries, climate change could have a major adverse effect on crop yield, and therefore food supply security; (iv) it is possible to also encourage mitigation strategies (reduce emissions) in developing countries, but among the Belgian Cooperation’s partners, only one country (South Africa) seems to be in a position to participate in significant actions with regard to the climate; (vi) five countries have forested areas whose conservation could contribute to mitigation, but according to certain conditions and within certain limits. The integration of the climate policy into the Belgian cooperation could come up against two specific difficulties: the lack of capacities in partner countries and the lack of staff in Belgium. Without significant improvement on this second level, it seems impossible to make the Belgian cooperation opt to integrate the climate issue.
Bibliographic reference |
van Ypersele de Strihou, Jean-Pascal. Climate change and the Belgian development cooperation policy : challenges and opportunities = Climate change and the Belgian development cooperation policy : challenges and opportunities. SPF Affaires étrangères, Commerce extérieur et Coopération au développement (2008) 67 pages |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/161580 |