Lejeune, Anaël
[UCL]
L’abandon en 1968, par Huebler, de sa pratique sculpturale (d’obédience minimaliste) au profit d’une œuvre conceptuelle, trahit son doute quant à la capacité de l’individu à accéder directement à l’objet artistique. La méthode structuraliste qu’il allait alors appliquer à ses premières œuvres conceptuelles donnait d’ailleurs bien à penser que, pour Huebler, le fait artistique ne pouvait plus désormais être pensé pour lui-même, si ce n’est pris dans des rapports avec d’autres termes et en vertu du système qui formalise ces rapports. C’est cependant, nous en posons l’hypothèse, à l’instigation de l’épistémologue des sciences N. R. Hanson, dont Huebler lit avec attention l’ouvrage Patterns of Discovery, que Huebler va développer des œuvres capables de mettre en évidence comment la signification de l’objet ou du fait artistique dépend de l’appartenance du spectateur à un contexte ou régime discursif et pratique particulier, historiquement déterminé, une détermination dont le langage serait, s’agissant du sujet, tout à la fois le révélateur et le point privilégié d’articulation. De ceci procède notamment l’ouverture du travail de Huebler au contexte historique, social voire politique de l’époque.
Bibliographic reference |
Lejeune, Anaël. Douglas Huebler: paradigme, dispositif et forces de subjectivation. In: Anaël Lejeune, Alexander Streitberger, Christophe Viart, L'art de Douglas Huebler, Presses Universitaires de Rennes : Rennes 2015, p. 116-130 |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/155500 |