Lavenne, Sophie
[UCL]
Sous Nicéphore II Phocas (963-969) apparaît, à côté de la monnaie d'or de poids normal, une pièce d'or également, mais de poids inférieur (tetarteron). L'émission de cette pièce continuera jusqu'à la réforme monétaire d'Alexis I Comnène (1092), avec semble-t-il un arrêt entre les règnes de Michel IV (1034-1041) et de Constantin IX (1042-1055). Nous nous sommes intéressé à la première partie de sa production soit entre Nicéphore II Phocas et le règne de Michel IV. Nous avons successivement étudié les sources écrites et les monnaies elle-mêmes. Les sources écrites peuvent être divisées en deux groupes. Tout d'abord, les renseignements fournis par les chroniqueurs byzantins (Cédrénus, Scylitzès, Zonaras) qui évoquent les raisons de l'introduction du tetarteron et ensuite les "sources de la vie courante" (hagiographies, actes de monastères...) qui fournissent des renseignements sur la circulation des pièces lourdes et des pièces légères. Dans un second temps, nous avons étudié les monnaies elles-mêmes (type, poids, diamètre, titre) pour tenter de donner une définition des pièces lourdes (histamenon) et des pièces légères (tetarteron) en soulignant leurs points communs et leur différences. Une troisième partie vise à étudier la diffusion et le succès de ces deux types de pièces par l'analyse des découvertes monétaires, des imitations en dehors de l'empire et des falsifications contemporaines de leur émission. Cette étude nous a permis de diviser l'histoire de la pièce légère en deux temps. De Nicéphore II à Basile II (976-1025) sont émises des pièces légères dont le poids modal se situe entre 4.05 et 4.09 g que rien dans leur aspect extérieur ne permet de différencier des pîèces lourdes contemporaines. De même, les sources de cette époque ne distinguent par les monnaies d'or lourdes des monnaies d'or légères. Les choses changent avec le règne de Constantin VIII (1025-1028), sous lequel les pièces légères acquièrent une iconographie propre et sont frappées à un diamètre inférieur à celui des pièces lourdes. Dans les sources écrites postérieures au règne de Constantin VIII apparaissent également des mentions permettant de distinguer la pièce lourde de la pièce légère. On peut, dès lors, parler d'histamena et de tetartera sans craindre d'abus de langage. Ces ditinctions révèlent que la pièce légère est, dès lors, reconnue pour ce qu'elle est et circule à son cours propre. Nous avons émis l'hypothèse que, dans un premier temps, il y avait eu volonté de tromperie de la part de l'État. Il émettait des pièces d'or légères pour pouvoir frapper plus de monnaies à partir d'un stock d'or existant dans un contexte de pression financière sur le budget. Or, Nicéphore II, Jean I (969-976) et Basile II (976-1025) furent de grands guerriers qui menèrent une politique d'expansion de l'empire byzantin. Cette politique militaire grevait le budget de l'État et entraînait des dépenses considérables et incessantes. Dans un second temps, il semble que l'État ait pâti de ce procédé. Peut-être parce que, suivant la loi de Gresham (La mauvaise monaie chasse la bonne), à cours égal les utilisateurs préféraient thésauriser les pièces les plus lourdes, ce qui constituait sur le long terme un manque à gagner pour l'État. Ceci pourrait expliquer la distinction iconographique des histamena et des tetartera sous le règne de Constantin VIII. Toutefois, à partir de ce moment, les deux catégories de pièces ne pouvaient plus circuler au même cours. C'est ce que semblent impliquer les sources postérieures qui mentionnent des paiements à effectuer en partie en tetartera et en partie en histamena.
Bibliographic reference |
Lavenne, Sophie. Histamenon et Tetarteron : la politique monétaire des empereurs macédoniens entre Nicéphore II Phocas (963-969) et Michel IV (1034-1041). Prom. : Yannopoulos, Panayotis |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/149782 |