Doyen, Charles
[UCL]
Malgré leur intérêt évident, les études d’histoire économique sur de longues périodes se heurtent à des difficultés d’ordre heuristique et méthodologique. Plus fondamentalement encore, ces études posent le problème crucial de la pertinence d’une comparaison entre des données chiffrées, à plusieurs décennies d’intervalle. Ainsi, même si les naopes déliens recourent toujours à l’étalon monétaire attique durant toute la période de l’Indépendance, l’accroissement régulier de la valeur libératoire en bronze de la drachme attique pendant la haute époque hellénistique, selon un rythme qui coïncide précisément avec les trois périodes définies par G. REGER (1994) (112,5:1 en 335 ; c. 125:1 vers 280-270 ; 137,5:1 vers 200), rend caduques les comparaisons sur le long terme : une diminution du prix de vente des matières premières entre la fin du IVe s. et la fin du IIIe s. peut refléter une augmentation de la valeur de l’argent par rapport au bronze, plutôt qu’un effondrement du cours de la denrée elle-même. Par ailleurs, il est avéré que les autres étalons de mesure (masse, volume, capacité liquide et solide) évoluent en corrélation étroite avec l’étalon monétaire. L’évolution du prix d’une même denrée, mesurée en des quantités nominalement identiques, peut donc être factice, si l’unité de mesure a été redéfinie dans l’intervalle. Pour être opérante, toute étude diachronique d’histoire économique repose par conséquent sur la définition précise de toutes les unités de mesure utilisées et, surtout, sur la compréhension approfondie de la structure et des modalités d’évolution des systèmes métrologiques et comptables antiques.
Bibliographic reference |
Doyen, Charles. Inflation, déflation, ou changement d’étalon ? Évolution des normes monétaires et des pratiques comptables à l’époque hellénistique.Qu’est-ce qu’une crise économique dans l’Antiquité ? (Lyon, du 11/10/2013 au 12/10/2013). |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/134270 |