Mujike Nkulu Munga, Fulbert
[UCL]
(fre)
L’étude tente d’évaluer la fécondité du projet de la christologie narrative considérée il y a peu comme une alternative pour surmonter les apories du discours théologique argumentatif. La christologie narrative peut-elle répondre à la question sur l’identité de Jésus ? L’analyse des recherches christologiques entreprises par J. Moingt dans L’homme qui venait de Dieu et par J. Moltmann dans Jésus, le messie de Dieu concernant l’identité de Jésus est destinée à vérifier l’hypothèse selon laquelle un rapport constitutif existe entre christologie et récit, et que celui que les évangiles donnent à voir n’est essentiellement ni le Dieu qui est descendu du ciel ni l’homme qui est devenu Fils de Dieu, mais un homme reconnu et confessé Fils de Dieu. Est-il possible de rejoindre l’affirmation de Chalcédoine, à savoir qu’en Jésus subsiste en même temps le vrai Dieu et l’homme véritable, sans toutefois suivre le chemin descendant qui est celui de ce concile ? Il faut, pour y parvenir, retourner à l’Écriture étant donné qu’elle est la source première qui renseigne sur Jésus de Nazareth. Le chemin christologique de type narratif suivi par Moingt en partant de la résurrection de Jésus vers sa naissance et par Moltmann à partir de l’ordre chronologique, soit de la naissance vers la mort-résurrection de Jésus, a permis de vérifier l’hypothèse de départ et d’envisager l’articulation, en Jésus de Nazareth, du divin et de l’humain en vue des nouvelles entrées en christologie. Dès lors, il a paru plus significatif de venir à Jésus non pas en partant des vues des christologies d’en haut ou d’en bas, mais à partir de l’articulation, comme c’est le cas dans le Nouveau Testament, entre Jésus prépascal, prédicateur de la proximité du Royaume des cieux, et le Christ postpascal, centre de la prédication des apôtres. Prenant l’histoire racontée de Jésus comme le nouveau paradigme christologique, il est possible de vérifier la pertinence de la narrativité pour la christologie, celle de dire l’identité de Jésus à partir de son histoire sans opposer les christologies anciennes d’en haut et d’en bas. Étant donné qu’un rapport existe entre christologie et récit et que la narrativité est capable de faire surgir un discours pertinent sur Jésus et son Dieu, c’est progressivement que Jésus est reconnu Fils de Dieu, Christ et Sauveur. Il suffit de parcourir l’itinéraire que lui-même a suivi et de fonder sur le récit la vraie connaissance de sa signification à savoir que Dieu s’est révélé, a agi et a parlé en cet homme. L’identité du Christ qu’il convient de redécouvrir n’est ni dogmatique ni historique, mais procède de la relecture néotestamentaire de ce qu’a dit, fait et été Jésus. Ce qui veut dire que dans les jours de sa chair Jésus ne s’est pas présenté autrement que comme un homme soumis aux lois communes de la condition humaine et que, progressivement, il s’est dévoilé dans une singularité qui porte un mystère et qui concerne la relation propre de cet homme à Dieu. L’annonce de la résurrection de Jésus après sa mort sur la croix relance son histoire et atteste que son destin n’est pas clos avec sa mort car elle le dévoile sous un jour nouveau en attendant sa manifestation définitive à la parousie. Et c’est par la confrontation, l’articulation et la complémentarité des différents niveaux du discours christologique, sans qu’aucun ne se prenne comme norme dernière, qu’il est possible de progresser dans la connaissance de l’identité de Jésus.
Bibliographic reference |
Mujike Nkulu Munga, Fulbert. Les essais de christologie narrative de Joseph Moingt et de Jürgen Moltmann. Prom. : Bourgine, Benoît |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/133614 |