Une démocratie urbaine sans supports ? Processus clandestins et opacité au cœur du quotidien de la gouvernance multi-niveaux

À travers cette contribution, nous proposons de dérouler le récit de l’élaboration locale d’une politique urbaine afin de tenter de mieux comprendre les rapports entre les dispositifs de gouvernance multi-niveaux et la démocratie urbaine. Alors que l’analyse de la mise en œuvre de l’action publique a depuis longtemps consisté à mettre en évidence l’intelligence et les marges d’autonomie des agents exécutants, d’un côté, les dysfonctions bureaucratiques, de l’autre, il s’agit ici de prolonger ces apports en y intégrant de manière plus prégnante la question démocratique. Cet article se structure autour de trois moments. D’abord, nous retraçons le cas de mise en œuvre retenu ici. Sa mise à plat implique de présenter brièvement la ville observée, de décrire chronologiquement l’élaboration d’un projet urbain pour cette ville dans le cadre de la Politique fédérale des grandes villes, et de proposer un premier recul analytique sur cette observation. Ensuite, les jeux clandestins que ce cas aura mis en évidence devront être problématisés pour comprendre comment le phénomène du secret s’articule à celui de la mise en forme de la société politique locale. Enfin, nous conclurons en montrant comment les configurations organisationnelles de la mise en œuvre d’une telle politique urbaine encouragent une des deux voies de l’opacité politique : celle de la clôture du jeu politique et de la transaction sociale, celle de la défiance à l’égard des dynamiques d’ouvertures. Au bout du compte, à travers ce texte, nous souhaitons contribuer aux débats sur les rapports entre consistance des dispositifs d’action publique urbaine et pratiques démocratiques.