Sons, couleurs, odeurs dans la cathédrale de Tournai au 15e siècle : I. Edition du cérémonial et des ordinaires, suivie du Commentaire (I) : les acteurs, les lieux et le mobilier liturgique

Les Archives de la Cathédrale de Tournai conservent un curieux manuscrit médiéval (Registre 348/A), de lecture difficile, dont une mauvaise description a longtemps caché le véritable contenu. Il s’agit en fait d’un «cérémonial» suivi de deux «ordinaires» liturgiques, conservés sous la forme de brouillons. Il est possible de les dater, de retrouver la part respective des auteurs qui se sont succédés et de replacer ce manuscrit dans les circonstances précises de sa rédaction. Le volume qui vient de paraître dans la collection «Tournai Art et Histoire» comprend d’abord l’édition intégrale du manuscrit. Ces fragments sont également une aubaine pour l’historien des cathédrales. Ils permettent de reconstituer les célébrations ainsi que le cadre de la prière médiévale avec ses couleurs, ses sons, ses odeurs et ses gestes. C’est l’objet de la deuxième partie du volume. Le cadre matériel d’abord: le chœur gothique, le jubé, son transept, sa nef, son cloître et ses parties hautes, toutes très différentes de la situation actuelle. Les offices liturgiques solennels font l’objet d’un véritable multimédia. Aux gestes et aux couleurs s’ajoutent les sons: psalmodie, chant des offices, orgues et surtout les sonneries de cloches. On n’oubliera pas qu’à côté de l’ancienneté de la cathédrale, de son trésor des reliques, du nombre d’indulgences qu’on peut y gagner et de la qualité du clergé, la beauté des offices fait partie des titres de gloire d’une cathédrale qui en assurent la publicité (propagande). Les gestes sont minutieusement décrits: les processions quotidiennes amenant à l’autel les reliques du saint du jour; la procession du samedi en l’honneur de Notre-Dame; la procession du dimanche au cloître; les distributions aux pauvres. On est également renseignés sur les trois processions du 14 septembre; sur celles qui saluent le retour de la grande châsse de Notre-Dame et sur les joyeuses entrées des princes. La couleur est omniprésente: dans le luminaire, dans les objets en laiton, en cuivre doré et en argent, dans les peintures murales, les tapisseries, les draps posés sur le jubé et pour les funérailles, ainsi que dans les vêtements liturgiques. Un second volume, en préparation (il devrait paraître dans trois ans), exploitera notamment les données du manuscrit pour la liturgie, le chant, les processions, les préséances, la prière pour les morts, la musique et la participation des enfants.