Bourgine, Benoît
[UCL]
Les exposés et débats du colloque "Vatican II comme style" (Louvain-la-Neuve, 3-5 novembre 2010) ont posé le problème de la
définition et de la normativité du style de Vatican II – ce point
mérite d’occuper le premier moment de cette reprise. En effet,
le style de Vatican II correspond, du point de vue de l’Église,
à un rapport nouveau à sa Tradition et au monde qui
l’entoure. Ce double renouvellement, dû pour l’essentiel à la
volonté d’aggiornamento de Jean XXIII qui place la finalité
pastorale au principe de l’oeuvre conciliaire, remet l’Église
dans le sens de sa mission : elle est envoyée au monde porter
une Bonne Nouvelle venant de Dieu. Ce rappel salutaire
conduit à réviser une relation plutôt crispée à sa doctrine, à
ses sources, aux renouveaux théologiques récents ainsi qu’une
attitude passablement réactive vis-à-vis de l’évolution des
sociétés.
La deuxième étape des conclusions s’interroge sur la
consistance herméneutique du style théologique ainsi identifié.
Comprendre le style comme herméneutique, est-ce une
approche ajustée à Vatican II et à sa réception ? L’hypothèse
de départ du projet d’étude, telle que formulée dans le premier
colloque, accordait à l’herméneutique une place de choix. On
voudrait ici prolonger la réflexion en rapprochant les termes
« style » et « herméneutique ». Christoph Theobald recommande
le point de vue externe des sciences humaines afin de
mieux cerner ce qu’il faut entendre par « style ». Je proposerai
pour ma part également un point de vue externe, l’herméneutique
philosophique de Gadamer en l’occurrence, pour
préciser ce qu’il convient d’entendre par « herméneutique ».
Enfin la troisième et dernière étape souhaite attirer l’attention
sur la Déclaration Dignitatis humanae. Après les Constitutions
Gaudium et spes, Lumen gentium et Dei Verbum respectivement,
bien représentées dans les études qui précèdent, la
Déclaration Dignitatis humanae mérite examen. Peut-on la
considérer comme un témoin privilégié du style herméneutique
de Vatican II ? De ce style, il résulte une nouvelle intelligence
de l’identité de l’Église au milieu du monde, une
conception renouvelée du message de la Révélation et, surtout,
un regard inédit sur la modernité. L’un des apports de Dignitatis
humanae est précisément d’exprimer ce nouveau rapport à
la modernité. Ch. Theobald est fondé à voir dans cette déclaration
le « paradigme du discernement conciliaire des “signes
des temps”».
Bibliographic reference |
Bourgine, Benoît. Observations conclusives : Du style à l'herméneutique, et retour. In: Joseph Famerée (dir.), Vatican II comme style. L'herméneutique théologique du Concile, Cerf : Paris 2012, p. 287-301 |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/107194 |