Être hébergé.e en familles citoyennes bénévoles : entre reconnaissance réciproque et partage domestique. Une approche par le récit de vie de personnes en migration

Depuis 2015, les crises géopolitiques se multiplient aux frontières de l’Europe, poussant des milliers de personnes sur les routes de l’exil en direction du vieux continent. Arrivées en Europe, celles-ci se heurtent aux politiques d’asile strictes en vigueur au sein de l’Union Européenne. Lorsqu’en Belgique, au parc Maximilien, des centaines d’hommes et de femmes s’entassent dans des conditions indignes afin d’accéder aux bureaux de l’Office des Etrangers, des citoyen.nes s’organisent et fondent la « Plateforme Citoyenne de Soutien aux Réfugiés ». Depuis 2017, la Plateforme Citoyenne organise l’hébergement en familles bénévoles de personnes en migration. Partant d’une expérience personnelle d’hébergement à l’étranger ainsi que de mon implication en tant que bénévole pour la Plateforme Citoyenne, l’objectif de ce mémoire a été de comprendre ce qui participe à l’expérience positive des personnes migrantes hébergées en familles citoyennes bénévoles. Afin de répondre à ce questionnement, la méthodologie du récit de vie de personnes en migration hébergées en familles a été mobilisée. Ces récits de vie ont été analysés au moyen de deux concepts-clés : la théorie de la reconnaissance d'Axel Honneth et le concept d'administration domestique (householding) de Karl Polanyi. Cette analyse a permis de dégager trois hypothèses importantes : premièrement l'articulation entre reconnaissance réciproque et partage domestique garantit aux personnes migrantes une expérience positive de l'hébergement citoyen. Deuxièmement, l'expérience positive de l'hébergement citoyen favorise l'intégration, et plus encore l'émancipation des personnes migrantes au sein de la société belge. Enfin, l'intégration sociale des personnes migrantes est impossible lorsqu'elles sont hébergées dans une structure officielle de l'Etat telle que Fedasil. Ce mémoire comporte également une partie réflexive du processus d'enquête et interroge la relation entre chercheuse blanche et sujets racisés au moyen du concept de "blanchité" (whiteness).