Vanlatum, Laura
[UCL]
Persu, Alexandre
[UCL]
Introduction L’hypertrophie ventriculaire gauche (HVG) est considérée comme l’une des complications les plus fréquentes de l’hypertension artérielle. La prévalence de l’HVG chez les patients hypertendus dépend de la méthode utilisée pour établir le diagnostic d’une HVG, à savoir l’électrocardiogramme (ECG) ou l’échocardiographie. Elle dépend également des critères d’HVG et des caractéristiques de la population étudiée. Différentes études réalisées au cours des 30 dernières années ont estimé la prévalence de l’HVG dans des populations d’hypertendus, cela en utilisant des méthodologies différentes à travers de multiples régions du monde et groupes ethniques. Il en résulte une importante disparité dans les chiffres de prévalence. Objectifs À la suite d’analyses sommaires en consultation d’hypertension suggérant une prévalence faible d’HVG par rapport aux données publiées, l’objectif de ce mémoire était (i) de réaliser une revue de la littérature portant sur la prévalence et les déterminants de l’HVG dans différentes populations d’hypertendus ; (ii) de déterminer rétrospectivement la prévalence de l’HVG électrique et échographique et les facteurs susceptibles de l’influencer dans un échantillon de patients hypertendus suivis en milieu universitaire ; (iii) de confronter ces résultats avec ceux des études antérieures et de discuter les similitudes et différences éventuelles. Matériel et méthodes Nous avons sélectionné les patients hypertendus suivis à la consultation d’hypertension du service de Cardiologie des Cliniques Universitaires Saint-Luc (UCL) à Bruxelles qui ont effectué un ECG et/ou une échocardiographie pendant la période de janvier 2016 à décembre 2018. Une cohorte de 634 patients, âgés de 18 à 89 ans, a ainsi été identifiée. Une analyse descriptive a été réalisée à partir des dossiers médicaux des patients de notre cohorte. Pour le diagnostic de l’HVG électrique nous avons utilisé les critères recommandés, c’est-à-dire l’indice de Sokolow, l’indice de Cornell et le produit de Cornell. Le diagnostic de l’HVG échographique a été fondé sur l’indice de masse ventriculaire gauche (iMVG). Nous avons ensuite subdivisé notre population totale en différents échantillons selon la réalisation d’un ECG et/ou d’une échocardiographie et comparé les caractéristiques des patients avec et sans HVG dans les différents sous-groupes. Résultats La prévalence de l’HVG chez les patients hypertendus de notre cohorte, allant de 1,1 à 28,8% (avec une moyenne de 18,2% dans notre population hypertendue totale), est nettement inférieure à la prévalence observée dans la littérature, qui varie de 2,4 à 81%. La prévalence de l’HVG établie sur base des critères électriques varie de 1,1% à 9,7% dans notre étude en fonction des critères utilisés, du sexe et de l’échantillon choisi. La prévalence de l’HVG échographique varie de 7,6% à 28,8% en fonction de l’échantillon choisi et du sexe. Concernant les facteurs associés à l’HVG, premièrement, nous avons observé des tensions artérielles moyennes de 24H (MAPA) significativement supérieures pour les patients porteurs d’une HVG (141±20 sur 88±16 mmHg), comparés aux patients sans HVG (131±12 sur 83±10 mmHg) (P<0,001 pour les TA systoliques et P=0,02 pour les TA diastoliques). Deuxièmement, notre étude documente une prévalence d’HVG supérieure chez les patients d’ethnicité africaine. Parmi les patients atteints d’HVG dans notre cohorte, 19,5% sont en effet d’ethnicité africaine, contrairement à 9,8% chez les patients sans HVG (P=0,02). Troisièmement, nous avons observé une prescription plus fréquente de Spironolactone (23,4% vs. 10,1%, P=0,002), d’antihypertenseurs centraux (22,1% vs. 5,4%, P<0,001) ou d’α-bloquants (5,2% vs. 0,3%, P=0,006) chez les patients présentant une HVG. Finalement, nous notons également une proportion supérieure de patients ayant une eGFR < 60 ml/min/1,73m2 parmi les patients présentant une HVG (31,9%), par rapport aux patients sans HVG (16,2%) (P=0,003). Conclusion Cette étude nous a permis d’estimer la prévalence récente d’HVG dans une cohorte contemporaine de patients hypertendus suivis en milieu universitaire et de la comparer à la prévalence retrouvée dans la littérature scientifique. Par rapport aux études antérieures, nos résultats suggèrent une diminution substantielle de la prévalence de l’HVG, vraisemblablement due à un meilleur contrôle de l’hypertension artérielle et un usage accru des « nouveaux » antihypertenseurs. L’étude nous a également permis d’identifier différents facteurs influençant la variabilité de la prévalence de l’HVG. Nous avons retrouvé les facteurs repris dans la littérature, tels que l’origine ethnique, la sévérité de l’HTA et le traitement antihypertenseur.


Bibliographic reference |
Vanlatum, Laura. Prévalence et caractéristiques de l'hypertrophie ventriculaire gauche chez les patients hypertendus. Faculté de médecine et médecine dentaire, Université catholique de Louvain, 2020. Prom. : Persu, Alexandre. |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/thesis:23663 |