L’impact de distracteurs sémantiques sur la détection de liens d’action : étude en population saine et héminégligente

Les objets qui nous entourent peuvent être associés par différents types de liens « sémantiques ». On distingue les liens taxonomiques, qui relient les objets au sein de catégories ; ainsi que les liens thématiques, qui relient les objets qui interagissent ou non au sein d’un même contexte. Plus spécifiquement, la découverte du statut particulier des liens d’action envers les objets manipulables sur la perception visuelle a fait l’objet d’un intérêt grandissant ces dernières années. Il a ainsi récemment été démontré que le lien d’action était préférentiellement choisi parmi d’autres liens sémantiques dans une tâche d’association libre d’objets. Des études auprès de patients cérébrolésés ont également révélé que le lien d’action avait le potentiel de diminuer les symptômes de négligence visuelle en réorientant l’attention du côté contralésionnel. Cependant, bien que l’existence d’interférences entre les processus de traitement taxonomique et thématique soit connue, peu de connaissances existent à ce jour quant à la possible intrusion des processus de traitement thématique n’impliquant pas d’action dans la détection des relations thématiques avec action. L’objectif poursuivi dans ce mémoire a donc été de tenter de mettre en lumière les différents impacts des distracteurs sémantiques sur le traitement des liens d’action. Nous avons pour cela testé des sujets sains et héminégligents à l’aide d’une tâche de jugement d’action, dans laquelle il leur était demandé d’identifier l’objet relié par l’action à une cible parmi des distracteurs sémantiques. Nos résultats nous ont permis de révéler un impact similaire des deux types de distracteurs, mais avec des spécificités propres aux distracteurs thématiques sans action. Ces derniers semblent en effet moins facilement reconnus comme des distracteurs et pourraient, dans une moindre mesure, réorienter l’attention des sujets héminégligents de manière semblable aux liens d’action. Les différences de sensibilité face aux distracteurs sémantiques relevées entre les deux populations pourraient également refléter des divergences dans l’utilisation des voies de traitement de l’action.