Pottié, Jérôme
[UCL]
Moens, Frédéric
[UCL Mons]
Secret et transparence sont des concepts qui depuis la nuit des temps régissent les rapports sociaux. A l’instar de ceux-ci, secret de l’instruction et transparence médiatique définissent en partie le rapport qu’entretiennent les citoyens avec la justice dans une société démocratique. L’histoire nous montre que tant dans l’affaire Dutroux que dans l’affaire Wesphael, les rapports entre le monde judiciaire et journalistique ont été difficiles. Le premier reprochant au second de violer le secret de l’instruction et le second reprochant au premier un manque de transparence, sans compter les parties en cause, estimant elles, que la presse outrepassait son rôle d’information pour rendre justice à la place des instances compétentes. Dès lors, nous nous sommes demandé si : l'exigence de transparence des médias et du politique ne pouvait que se heurter à la discrétion nécessaire à l'activité judiciaire et policière qui n'a d'équivalent que la publicité démocratique des procès. Dit autrement, nous nous sommes posé cette question : « Dans un état démocratique, la transparence de la presse et du politique est-elle compatible avec la discrétion nécessaire exigée par une instruction judiciaire ? » Afin d’essayer d’y apporter une réponse, nous nous sommes basé sur trois hypothèses : Le concept de transparence exclu de par sa nature le concept de discrétion. Dit d’une autre manière, les concepts de discrétion et de transparence ne peuvent pas coexister au même moment, logiques judiciaire et médiatique sont en concurrence dans le discours social et ce d’autant plus que leurs références ne sont pas partageables. Les concepts de discrétion et la transparence ne peuvent pas coexister durant l’instruction. Les temporalités de l’enquête judiciaire et des décisions politiques ne peuvent correspondre à celles de la presse. Après avoir consulté la littérature existante sur les concepts de « secret » et de « transparence », examiné méticuleusement les dossiers « Dutroux » et « Wesphael » et interviewé les acteurs de terrain, nous sommes parvenu à apporter quelques éléments de réponse. En effet, bien que nous ne répondions pas à notre question de départ, notre étude nous apporte deux éléments pertinents pouvant constituer une base solide pour de futures recherches. Tout d’abord, nous démontrons par des exemples concrets et des témoignages que le concept de temporalité est constamment présent lorsque nous appréhendons notre question de départ. Enfin, le raisonnement développé dans ce travail offre aux lecteurs une autre perspective quant à la relation « Secret/Transparence ». Là où beaucoup voit, par essence, une opposition inévitable, nous y percevons une forme de continuum. Le secret étant, dans le contexte particulier dans lequel notre recherche se développe, un passage obligé, tant pour la presse que pour la justice, à l’établissement de la transparence.


Bibliographic reference |
Pottié, Jérôme. Quand la transparence des médias et du politique se heurte à la discrétion nécessaire de l'instruction. Faculté des sciences économiques, sociales, politiques et de communication, Université catholique de Louvain, 2017. Prom. : Moens, Frédéric. |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/thesis:11364 |