Finis terre

Vous pourriez voir en Cher- bourg au premier regard, une ville grise, à l’image de son ciel, que les intempé- ries auraient patiné d’un gris presque uniforme. Son image évoque à quiconque y pense, la pluie, la campagne, et le bout du monde avant l’An- gleterre. C’est l’enclavement de la ré- gion et son appropriation maritime essentiellement in- dustrielle qui enserre la ville sur elle-même qui a poussé à tenter de déceler les im- pulsions dont la ville requiert pour faire éclore une identi- té maritime qualitative par ce qu’elle est et ce qu’elle contient. Entre la ville historique et la ville nouvelle, la mer entre dans la ville avec les propor- tions d’un fleuve et devient le point de rencontre entre les grandes dynamiques territo- riales du site : la terre, la mer, l’eau douce et l’eau salée. S’ils constituent un véritable espace de dégagement et de respiration dans cet entre-deux villes, les bassins semblent pour le moment sé- parer, à l’instar des industries qui coupent la ville de l’hori- zon maritime Comment renouveler l’ap- propriation maritime d’une ville lésée par les industries ? Aux extrémités de ces bas- sins, deux figures urbaines structurantes prennent place : l’ancienne gare maritime, éperon de l’architecture et de l’épopée transatlantique, et la gare ferroviaire : les en- trées de ville par voie marine et par voie terrestre. Pour le moment, un grand bâtiment opaque et surdimensionné bloque le regard à la sortie du train. Il est impossible de deviner la présence de l’eau pourtant si proche. Le projet ambitionne d’ou- vrir les perspectives, en permettant une continuité entre ces lieux. Il s’agit donc de qualifier la totalité de cet entre-deux gares comme un grand socle appartenant à la ville, de révéler l’existant et de le fondre à une identi- té collective. L’espace public, bien commun fédérateur, peut alors permettre une ap- propriation de l’horizon mari- time à la hauteur de la rade, des forts et de la digue qui a fait Cherbourg.