Devilers, Alexandra
[UCL]
Sábado Novau, Marta
[UCL]
François, Anne-Isabelle
[Sorbonne Nouvelle-Paris 3]
En se plongeant dans la lecture de fiction, il arrive que certains personnages assimilent et se composent de plusieurs portraits et récits mythiques, laissant le lectorat face à une situation familière tout en détournant son cadre référentiel. Cette subversion d’un imaginaire commun résulte en un sentiment d’étrangeté et nous invite à réfléchir sur l’effet de cette stratégie. Dans la perspective de queeriser la lecture, ce mémoire s’interroge sur l’usage de variantes mythiques dans le processus identitaire de personnages queers. Nous qualifions une identité queer comme étant impersonnelle et en effervescence. Nous tentons d’identifier, à travers le concept des « zones queer » de Sam Bourcier, la manière dont les identités des personnages, dans leurs constructions, échappent à la norme binaire (de genre, d’espèce) grâce à leurs mouvements perpétuels. Ces zones sont des lieux de démantèlement et de réappropriation, en somme de nouvelles stratégies identitaires. L’objectif sera de déterminer si les reprises de mythes constituent une stratégie efficace, dans la littérature contemporaine, pour développer ces zones queer. Dans cette étude synchronique de trois romans et une nouvelle (Espèces de Ying Chen, Frankissstein de Jeanette Winterson, Orlanda de Jacqueline Harpman et « Last minute » de Rosaria Iodice), nous identifierons les mythes de la métamorphose, de l’Androgyne platonicien, de Pygmalion, de Narcisse et enfin, de Prométhée. Nous isolerons des traits constitutifs de l’identité des personnages dans lesquels nous décortiquons les traces de ces variantes. Le nom, la mémoire, l’érotisme des personnages seront analysés tour à tour, et nous y décèlerons le dessin d’une figure particulière : la figure du Monstre. Cette figure sera rapprochée de la définition de la monstruosité donnée par Paul B. Preciado, ce qui nous permettra d’identifier le phénomène de monstruosité comme une jonction entre les variations de mythe et les identités queer. De fait, l’usage des mythes crée des identités hybrides, monstrueuses qui permettent de mettre en suspens la norme binaire dans le portrait des personnages pendant un instant. Ces mouvements de suspens finissent par être réintégrés par une certaine stabilité, mais la monstruosité persiste dans ces identités.


Référence bibliographique |
Devilers, Alexandra. Mythes et non binarité : l'étude des mythes dans un processus identitaire fluide. Faculté de philosophie, arts et lettres, Université catholique de Louvain, 2022. Prom. : Sábado Novau, Marta ; François, Anne-Isabelle. |
Permalien |
http://hdl.handle.net/2078.1/thesis:37611 |