La santé mentale des populations canadienne et belge lors de la pandémie de COVID-19 : un enjeu stratégique pour la communication sanitaire

La crise de la COVID-19 a posé un degré de complexité inédit pour les communications de santé. Au milieu de l’infodémie, de la désinformation et des résistances aux mesures sanitaires, a été observée une montée d’impacts de santé mentale dans diverses populations. La littérature montrant que l’état psychologique des individus peut mener à des réponses non adaptatives face à une menace, ces impacts peuvent entraver les objectifs des communications sanitaires déployées lors de la COVID-19. D’un point de vue stratégique comme éthique, il importe de s’intéresser aux implications de la santé mentale pour les communications en crises sanitaires. Par l’analyse statistique d’un sondage populationnel, notre mémoire teste ainsi les relations entre des marqueurs psychologiques (anxiété et dépression) et des facteurs d’efficacité en communication stratégique vus par le modèle IDEA (Sellnow et al., 2017). Étudiant les populations canadiennes et belges lors de la deuxième vague de coronavirus, notre recherche montre que l’augmentation des signes d’anxiété et de dépression a été liée à l’intériorisation des risques (I), notamment au renforcement d’un sentiment de menace général relatif à la pandémie et de comportements de rejet face aux situations ou contenus évoquant la crise. L’aggravation de ces états a aussi été liée à la distribution des communications (D), par des relations avec la propension à mobiliser les médias sociaux pour s’informer et la méfiance manifestée envers les médias traditionnels. Au regard des explications sur la crise (E), plus les individus présentaient des signes d’anxiété et de dépression, plus ils allouaient de crédibilité aux récits alternatifs et moins ils en accordaient aux explications des autorités publiques (et vice versa). Enfin, la propension à poser des actions visant à mitiger la crise (A) diminuait parallèlement à l’augmentation de l’anxiété et de la dépression dans les échantillons. Révélant des relations entre l’aggravation des tensions psychologiques et chaque composante d’une communication de crise et du risque efficace selon le modèle IDEA, notre étude appelle la considération des impacts de santé mentale pour réfléchir à des approches communicationnelles mieux adaptées en temps de pandémie.