Dépression post-partum paternelle : ressenti et effet sur l'ajustement dyadique du père à l'occasion de la transition à la parentalité

Encore souvent sous-diagnostiquée, car généralement attribuée par le père lui-même à d'autres facteurs de stress que la naissance récente de son enfant, la dépression post-partum paternelle affiche pourtant un taux de prévalence pouvant aller de 4% à 25% selon les recherches. Elle produit donc un effet non négligeable sur le fonctionnement parental, au même titre que la dépression post-partum maternelle. Les études sur ce sujet sont toutefois plutôt récentes, et encore peu nombreuses, le père ayant été longtemps exclu de dyade mère-enfant. Il n'existe donc à l’heure actuelle pas de définition spécifique de la dépression post-partum paternelle, ni d'outils spécifiquement adaptés à son évaluation. Les recherches existantes pointent cependant certaines caractéristiques prototypiques : un développement plus tardif et plus insidieux, avec une élévation du taux notable entre 3 et 6 mois, une consommation accrue de psychotropes, des plaintes somatiques spécifiques, ou encore des comportements violents envers la partenaire et/ou l'enfant. La dépression post-partum paternelle semble donc constituer une question de recherche clinique pertinente dans le champ de la psychologie du couple et de la parentalité, d’autant plus si l’on envisage de façon concomitante les remaniements contemporains des rôles traditionnellement dévolus à la mère et au père. En effet, séparations, monoparentalité et recompositions familiales diverses conduisent désormais à une expression résolument plurielle de la paternité, dans un mouvement probablement lui-même instigateur de nouveaux standards. Notre mémoire propose donc d’interroger ce processus dans le contexte spécifique de la transition à la parentalité, et au départ de deux questions de recherche précises, auxquelles nous tenterons de répondre d’une part au moyen de la littérature scientifique et de données empiriquement fondées actuellement disponibles sur la question, et d’autre part au moyen d’une étude de cas que nous inscrirons dans une démarche qualitative et descriptive : Q1 : Des facteurs singuliers modulent la détresse paternelle ressentie à l’occasion de la transition à la parentalité et prédisent la dépression post-partum paternelle. Q2 : La dépression post-partum paternelle impacte significativement l’ajustement dyadique du père à l’occasion de la transition à la parentalité. Ce faisant, nous espérons humblement ouvrir de nouvelles perspectives pour la compréhension des difficultés conjugales spécifiques de la période postnatale, et, le cas échéant, suggérer également un nouveau paradigme en faveur de la prévention, de la prise en charge et de la résolution de ces difficultés singulières.